SONATUR : l’ASCE-LC dévoile un vaste réseau de corruption, 811 millions FCFA d’amende pour des responsables impliqués

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L’Autorité Supérieure de Contrôle d’État et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) révèle une affaire de corruption d’envergure au sein de la Société Nationale d’Aménagement des Terrains Urbains (SONATUR). Selon l’institution, plusieurs hauts responsables sont impliqués dans des pratiques de concussion, favoritisme, blanchiment de capitaux et prises illégales d’intérêts.

L’ASCE-LC indique que le 7 février 2023, une dénonciation anonyme a alerté sur des attributions frauduleuses de parcelles au sein de la SONATUR. Parmi les faits reprochés figure notamment la vente illégale d’une parcelle communautaire de 4 385 m², initialement destinée à la construction d’une clinique. Les investigations ont rapidement mis en lumière un système généralisé de malversations impliquant une grande partie du personnel.

L’enquête préliminaire de l’ASCE-LC a permis d’établir que d’anciens dirigeants, dont l’ex-Directeur Général et le Directeur Commercial, auraient orchestré un système frauduleux d’attribution de terrains à des faux destinataires, générant des bénéfices occultes.

Les enquêteurs affirment que les terrains étaient cédés à des prix sous-évalués à des intermédiaires, avant d’être revendus au prix du marché. Des documents bancaires et témoignages attestent que certains agents ont perçu jusqu’à 90 millions FCFA de manière illégale. Outre les deux principaux accusés, d’autres responsables sont suspectés d’avoir profité de ce système, notamment : le Directeur de la Qualité et de l’Audit Interne, le Directeur Informatique et la Directrice Administrative et Financière. L’ASCE-LC dénonce également la création d’un mécanisme interne baptisé « intervention du personnel », permettant aux employés de réserver et revendre des parcelles à des prix élevés, souvent au profit de leurs proches.

Le 20 mars 2025, le Tribunal de Grande Instance Ouaga I a rendu son verdict dans cette affaire. Plusieurs responsables ont été condamnés pour abus de fonction, prise illégale d’intérêts et concussion.

Les principales peines prononcées sont les suivantes : 16 mois avec sursis et une amende de 10 millions FCFA pour le premier ex-directeur général ; 16 mois avec sursis et une amende de 272 millions FCFA pour le deuxième ex-directeur général ; 6 mois avec sursis et une amende de 180 millions FCFA pour l’ex-directeur commercial ; 12 mois avec sursis et une amende de 10 millions FCFA pour le directeur de la Qualité et de l’Audit Interne ; 8 mois avec sursis + 55 millions FCFA d’amende pour le Directeur Informatique et enfin 12 mois avec sursis et une amende de 52 millions FCFA pour le responsable de la Communication.

Le montant total des amendes s’élève à 811 millions FCFA, un record dans ce type d’affaires. Le tribunal a également ordonné la confiscation des biens des condamnés au profit de l’État burkinabè.

L’ASCE-LC souligne que ce jugement a une portée pédagogique. Il rappelle que toute irrégularité dans la gestion foncière expose à des poursuites. L’institution réaffirme son engagement pour la bonne gouvernance et encourage la dénonciation des malversations.

Source : ASCE-LC / DCP

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