Procès « Thomas Sankara » : le face à face tendu entre le grand frère Me Farama et le Gal Diendéré

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Le général Gilbert Diendéré est à son deuxième jour de comparution, le mercredi 10 septembre 2021. Lieutenant et chefs de corps adjoint du Centre national d’entrainement commando et responsable de la sécurité de la présidence aux moments des faits 4 chefs d’accusations pèsent contre lui.

De l’émotion, des rires, mêmes des applaudissements, il y en a eu au deuxième jour de l’interrogatoire. C’est au tour de la partie civile de poser les questions à l’accusé. Me Patrice Yaméogo de la partie civile se jette premièrement à l’eau. Il demande à l’accusé alors responsable de la sécurité du conseil de l’Entente aux moments des faits pourquoi il n’a pas pris des sanctions contre les éléments du Centre national d’entrainement commando (CNEC) qui ont exécuté le président Sankara et ses compagnons, puisqu’il dit reconnaître deux assaillants notamment Nabié N’soni et Ouédraogo Arzouma dit Otis. A cette question il dit que la prise de sanction ne lui revenait pas mais à Blaise Compaoré alors commandant CNEC ou à Boukary Lingani commandant des forces Armées.

Après Me Jean Patrice Yaméogo, Me Ambroise Farama a pris la parole. « Mon général, vous avez dit que quand vous êtes arrivé au conseil de l’Entente vous avez vu des corps. Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il n’y avait pas de survivants ? Et à l’accusé de répondre « l’état dans lequel j’ai vu les corps ne me permettait pas de dire qu’il pouvait avoir un survivant. La quantité de sang coulée était énorme ». Me Ambroise Farama : « pourquoi n’êtes-vous pas allé leur porter assistance ? Ce n’est pas parce que quelqu’un baignait dans le sang qu’il est mort ». Gilbert Diendéré : « le niveau de stress nous a fait oublier certains détails élémentaires qu’on aurait pu faire. Je le reconnais », mentionne le général. Sur ces réponses Me Farama note que le général n’a pas porté assistance à ses frères d’armes qui étaient en danger.

Des échanges tendus

Peu après le passage de Me Ambroise Farama, c’est au tour de son frère Prospèr Farama aussi avocat de la partie civile de poser ses questions à l’accusé. Mais, son interrogatoire ne sera pas sans couac. Avant de commencer il reconnait des mérites de l’accusé. « Mon général, je dois reconnaitre l’un de vos mérites. Vous êtes là,  à ce procès pour dire ce que vous avez vu. Il y a d’autre inculpés qui sont tombés malade au début du procès, ils ont même changé de nationalité… Mais vous vous avez choisi d’être là », a-t-il lancé à l’accusé.

Avant de commencer il demande à l’accusé de ne pas se fâcher parce que les avocats posent des questions pour avoir des précisions mais pas pour provoquer. Malgré tout, les échanges ne vont pas tarder à dégénérer.

Me Prosper Faram

« Mon général vous dites que vous n’étiez pas présent au moment des tirs au Conseil de l’entente mais vous ne vous souvenez de personne que vous avez vu au terrain. Alors qu’il y a des témoins qui disent qu’ils vous ont vu au conseil au moment des tirs », a lancé Me Farama. Et à l’accusé de réaffirmer que les faits ont duré et qu’il ne se souvient plus de personne. A cette réponse Me Farama déclare : « je lance un appel à témoin, que toute personne qui aurait vu le général Diendéré au terrain de sport le 15 octobre 1987 vienne témoigner ». « J’ose croire que mon message va porter et il y aura des témoins qui viendront témoigner de votre présence au terrain de sport », a-t-il ajouté d’un air souriant.

Le général Diendéré et son conseil

Le général Gilbert Diendéré dans ses réponses a déclaré que lorsqu’il y a eu les tirs au conseil, les militaires qui étaient au Conseil de l’entente étaient stressés. Cette affirmation ne convainc pas Me Farama qui réplique : « Mon général, voulez-vous dire que c’est un commando de maximum 8 personnes qui a mis en déroute toute l’élite de notre armée ? « Environs 100 commando dans le camp et après quelques coups de tirs seulement c’était la débandade? Qu’est-ce que vous voulez nous dire ?  Sur cette observation de Me Farama l’accusé a juste souri mais n’a pas pipé mot ».  Me Farama rajoute que depuis hier, le général ne cesse de dire que les tirs ont surpris les gardes du conseil de l’entente. Chose qu’il trouve bizarre. « Comment un militaire, un bataillon peut dire qu’il a été surpris par des tirs à son poste. Même si un vigile dit qu’il a été surpris à son poste, son patron peut le traiter de complice ». Donc, poursuit-il « nous pensons que si vous avez été surpris c’est parce que vous êtes complice des assaillants ». « C’est votre interprétation », a répondu l’accusé. 

Me Prosper Farama demande à Gilbert Diendéré de revenir sur des propos qu’il a eu à tenir hier, 9 novembre 2021. « Pas question », répond l’accusé.  Et à Me Farama de répliquer : « Même si quelqu’un vous écoute toute l’année, il ne comprendra rien ». L’accusé charge également en retour Me Farama en ces termes : « Si c’est cela, j’ai envie de dire que vous êtes bouché ». Avec un sourire Me Farama lâche : « Si moi je suis bouché, je dirais que vous, vous êtes taré ». Le président du tribunal s’est vu donc obligé d’arrêter ces invectives demandant à Me Farama de poursuivre ses questions. Mais la tension ne va pas baisser de sitôt. Me Farama décide de lire la déclaration de Blaise Compaoré mais l’accusé exige à ce que l’avocat lise toute la partie. A cela Me Farama a déclaré : « Mon général, je lis ce que je veux quand je veux et comme je peux. Ce n’est pas vous qui allez conduire mon interrogatoire. Comme le président l’a dit vous avez le droit de ne pas répondre aux questions ». Une réponse qui a fait rire l’assistance. Mais le président du tribunal tape du poing sur la table « on peut rire en silence ».

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