Mali : vers une prolongation de la Transition ?

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Le Premier ministre malien, Choguel Maïga a accordé un entretien à RFI et à France 24, le lundi 27 septembre 2021. Un entretien au cours duquel le chef du gouvernement de la transition s’est prononcé sur la situation qui prévaut dans son pays, notamment sur les élections prévues en février 2022 et sur l’éventuelle arrivée au Mali du groupe Wagner.

Pour la première fois depuis son arrivée à la tête du gouvernement de la transition au Mali, le premier ministre Choguel Maïga s’est confié à RFI et à France 24. Un entretien dans lequel, il s’est prononcé sur les différents sujets. Il s’agit entre autres d’un possible report des élections, le départ de Barkhane et l’arrivée éventuelle de Wagner au Mali.

Les élections auront-elles lieu en février 2022 ? La réponse de Choguel Maïga est claire. « Le gouvernement s’attache à respecter ses engagements. Mais ces respects s’accompagnent de réalisme. Nous allons identifier les actions, les opérations pratiques à mener jusqu’aux élections. Et à partir de là, on pourrait tomber le 27 février, comme on peut avoir deux semaines, quelques mois de plus », répond Choguel Maïga. Et d’ajouter que « le plus important pour nous, c’est de tirer les leçons du passé. 

Selon lui, pendant vingt ans, le Mali s’est retrouvé dans des crises politiques postes électorales. Et pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs, le gouvernement de la transition a décidé d’avoir une démarche qui minimise les risques de contestations des élections. « Nous avons dit à nos partenaires de la CEDEAO qu’à la fin du mois d’octobre, nous aurons ce qu’on a appelé les assises nationales de la refondation. Au la fin de ces assises, le gouvernement pourra aller vers ces partenaires avec un calendrier, un chronogramme détaillé et réaliste qui est fonction des réalités sécuritaires, sociales et politiques du Mali », défend-il.

Wagner plus proche que jamais du Mali ?

« Quand je dis qu’on nous a abandonnés en plein vol, c’est que c’est par les médias que nous avons appris comme tout le monde (ndlr le départ de Barkhane), alors que nous avons un accord de défense entre nous (ndlr France-Mali) », argumente-t-il.

Pour M. Maïga, les raisons évoquées pour annoncer le départ de Barkhane donnent de quoi s’interroger. « Quand on annonce par exemple la suspension des opérations militaires au motif que le gouvernement malien serait en train de discuter avec les djihadistes. Je pense qu’il fallait au moins discuter avec le gouvernement malien. Dans ces conditions, dire que le chef de l’Etat ne doit pas écouter l’avis de son peuple et à ces motifs on décide d’ignorer des accords qui lient les deux pays, vous conviendrez pour le moins qu’on doit s’interroger », déplore Choguel Maïga.

De l’avis du premier ministre, huit ans après l’intervention de la France et de la communauté internationale au Mali rien à changer. C’est pourquoi se dit-il, il est important de s’interroger sur la pertinence d’une telle collaboration vielle de huit ans mais qui jusque-là n’a presque pas apporté de solutions aux problèmes maliens.

A l’écouter, le gouvernement malien a l’obligation de chercher des solutions pour sécuriser les personnes et les biens au Mali. « A partir du moment où nous avons une solution qui ne donne pas totalement satisfaction et qu’en cours de route d’ailleurs on nous abandonne en plein vol, pour le moins si on est un gouvernement responsable, on doit s’interroger. Ne faut-il pas chercher d’autres solutions, d’autres partenaires qui ne sont pas exclusifs, mais on ne peut pas nous interdire en tant qu’Etat souverain, de prospecter d’autres formules ? », s’interroge-t-il.

Au sujet d’un possible partenariat avec Wagner, Choguel Maïga répond par la négative. « Moi, je ne connais pas de groupe Wagner, c’est la presse qui le dit. Je ne connais pas de groupe Wagner. Je dis que le jour où le gouvernement malien va signer un accord et certainement ce n’y est pas pour longtemps, mais on rendra public avec qui on a signé », répond-il.

Abdoul Wahab Mandé

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