Situation agricole à Koubri: Plus de peur que de mal

Campagne humide 2020

1. Noufou Ouédraogo sarclant son champ de maïs

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La saison des pluies s’est bien installée au Burkina, non sans difficultés. Une équipe de la rédaction de filinfos a fait le constat, mi août dans la commune rurale de Koubri, localité située dans la province du Kadiogo à 25 km de la capitale burkinabè. Malgré, l’installation tardive de la saison et les attaques de la chenille légionnaire Awe Ada, chef de zone de la commune rurale de Koubri, rassure que les cultures présentent une bonne physionomie et sont en phase de montaison.

Lundi 17 août 2020. Il est 09 heures à Koubri précisément dans un village, Nambé. Autour des concessions, des semis à la couleur verdâtre couvrent le sol. Tout porte à croire que chaque habitant applique la technique de la «la terre c’est de l’argent». Puis ce qu’il est difficile de voir un mètre carré d’espace vide sans semis en dehors des pistes cyclables reliant les différentes concessions et les routes qui traversent le village. Sous un soleil encore au nadir, Issouf Ouédraogo est préoccupé, aidé de sa femme et fille toutes munies de daba, au sarclage de son champ de maïs à quelques encablures des concessions. Le champ de sieur Ouédraogo semble plus propre comparativement à celui de ses voisins. Il dit travailler dur pour que son champ soit débarrassé de toutes herbes. Il espère que le ciel sera clément en arrosant régulièrement ses champs de gouttelettes d’eau. A vue d’œil, les semis de Issouf présentent une bonne physionomie. Une partie du maïs a atteint la levée et l’autre partie est en cours.

Même, constat pour son autre champ d’arachide et sésame qui présente un visage resplendissant. M. Ouédraogo trouve que la saison s’est installée tardivement  mais, il dit s’être confiant avec la pluviométrie qui s’est beaucoup amélioré au fil du temps.. Il déclare que « si toutefois les pluies s’étendent jusqu’à la mi-octobre la famille Ouédraogo mangera à sa fin tout au long de l’année ». Même son de cloche pour Adama Compaoré qui se réjouit de la pluviométrie actuelle et demande à Allah (Dieu) de laisser tomber l’eau du ciel d’une manière suffisante pour les agriculteurs. Il exhorte aussi l’Etat et les bonnes volontés à mettre à leur dispositions des intrants agricoles à moindre coup.

La gente féminine au champ

Au Sud du champ de M. Ouédraogo,  madame Nikièma, une corde dans la main gauche et un bâton à droite,  conduit son âne. Sa fille encore adolescente à l’arrière a ses mains entreposées sur la charrue tractée par l’âne. Ces dernières labourent leur champ pour y semer du haricot. Sa coépouse et l’une de ses filles mettent sous terre des graines d’haricots à la suite. Madame Nikièma, accuse déjà un retard pour la saison. La cause dit-elle, est l’installation tardive de la saison hivernale. Elle dit ne plus pouvoir joindre les deux bouts car elle est partagée entre labour et sarclage de son autre champ de maïs qui est en train d’être envahit par l’herbe.

«L’agriculture ne nourrit plus»

Pour madame Nikièma, l’agriculture n’est plus rentable. « Mes récoltes ne me permettent pas de nourrir ma famille n’en parlons pas de scolariser les enfants » a-t-elle déclaré avec amertume. Cela s’explique par la fréquence des poches de sécheresse, et l’appauvrissement des sols. Elle ajoute, qu’un autre mal, est l’abandon de l’agriculture par les hommes ce qui conduit sans doute à un manque de main d’œuvre. Pour elle, si elle travaille la terre aujourd’hui c’est parce qu’elle ne trouve pas mieux à faire. Elle dit se lancer dans le ramassage d’agrégat après les récoltes afin de pourvoir aux besoins fondamentaux de sa progéniture.

Les agents d’agriculture sollicités

Monsieur Soré, producteur recevant les prescriptions de l’agent d’agriculture

Sous l’ombre d’un Nimier entouré d’une muraille d’herbes, des agriculteurs viennent chercher la solution à leur problème auprès des techniciens d’agriculture appelée « Gobnaaba » en mooré qui signifie chef d’agriculture.

Soré Mahamadi agriculteur dans le village de Tansablogo est venu consulter « les sorciers de l’agricultures ». En effet, dit-il « j’ai une superficie de quatre hectare pour du maïs, qui malheureusement est attaquée par la chenille légionnaire, c’est ce qui m’amène vers vous ». Et à Bienvenu Ouédraogo, agent d’agriculture, après l’avoir écouté et recensé de lui donner des conseils. En retour, l’agriculteur témoigne sa joie envers le technicien d’agriculture tout en lui promettant mettre en pratique les conseils reçus. A contrario, M. Soré déplore la perte de son champ de sésame qui a été complètement décimé par la chenille légionnaire. Pour lui, cela est de sa propre faute car dit-il « je n’ai pas approché les techniciens pour qu’il m’aide ». A l’instar de Adama Soré nombreux sont les agriculteurs venus consulter les agents du ministère de l’agriculture et qui repartent avec le sourire aux lèvres. 

Plus de peur que de mal

Malgré, l’installation tardive de la saison et les attaques de la chenille légionnaire Awe Ada, chef de zone de la commune rurale de Koubri, rassure que les cultures présentent une bonne physionomie et sont en phase de montaison. Il affirme que c’est actuellement la mi-saison marquée par des opérations d’entretien des parcelles.  M. Ada renchérit que sauf cas de poche de sécheresse accentuée, il y aura de très bonnes récoltes à Koubri. Sur les problèmes majeurs rencontrés par les producteurs, M. Ada et ses collègues disent  faire des pieds et des mains pour trouver des solutions et minimiser les contraintes. Par exemple en réponse aux poches éventuelles de sécheresse, le chef de zone dit être parvenu avec ses collègues à développer des stratégies d’atténuation. Il s’agit de l’unité d’irrigation mobile qui consiste à irriguer les champs à l’aide des retenues d’eau par usage de motopompes. Une chose qui est un véritable apport pour les agriculteurs qui ont leurs champs près de points d’eau. Sur la question de l’insuffisance des pesticides, le chef de zone affirme que ce que l’Etat offre aux producteurs est un accompagnement. Ce qui explique que la quantité mise à la disposition des producteurs ne couvre pas totalement le besoin. Il précise cependant, que s’ils n’arrivent pas à offrir aux producteurs les pesticides recommandés après constat, ils orientent ces derniers vers les distributeurs homologués.

Bien que ce soit la mi- saison, M. Ada mentionne d’ores et déjà  que les récoltes seront meilleures si toutefois la pluviométrie est bonne. Il recommande par ailleurs aux agriculteurs d’être vigilant afin de pouvoir détecter d’éventuelles irrégularités de leurs semis et d’en informer le plutôt les agents d’agriculture.

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