Faso Dan Fani : « Labelisation, yaa boin ? * … Dites à Roch de baisser le prix du fil » (tisseuses)
Pour barrer la route à la contrefaçon et mieux valoriser le pagne tissé traditionnel « Faso dan fani », le gouvernement du Burkina Faso a labélisé ledit pagne qui est sans doute l’une des identités culturelles du pays. Le processus a été engagé en 2019. Depuis février 2021 les pagnes labélisés Faso dan fani ou « pagne tissé de la patrie » en langue dioula sont disponibles sur le marché. Un label encore méconnu des tisseuses elle-même, et sa portée encore discutée entre les acteurs de la chaine de production. Filinfos.net a plongé dans l’univers de ce produit textile au pays des hommes intègres.
Sanata Bouda habite Ouagadougou avec sa petite famille, précisément au quartier Kouritenga dans la zone communément appelée « Kouritenga Kam Naab Yiiri ». De la cour de Sanata, il suffit juste de jeter un regard vertical d’Est en Ouest pour dire qu’elle vit dans un Quartier général (QG) de tisseuses puisque la quasi-totalité des cours voisines à Sanata ont installé des métiers à tisser devant leur porte et sont à la tâche.
Le bureau à ciel ouvert de Sanata
Alors que le soleil est au zénith, Sanata vêtue d’un pagne et d’un léger T-shirt orange à l’effigie du MPP (ndlr : parti majoritaire) difficilement visible, apprête ses fils à tisser. Elle se fait aider par Ida, sa fille, élève en classe de 3e. N’ayant pas eu de la chance comme sa fille de faire « l’école du blanc », elle s’est forgée à être une praticienne du tissage du Faso dan fani. En tous les cas elle a eu à habiller de nombreux Burkinabè grâce à son expertise du tissage du Faso dan fani, l’un des pagnes actuellement en vogue. Même notre président ( ndlr: président de la république) s’habille en Faso dan fani.
Dans ses installations du jour, elle a piqué huit barres qui laissent entrevoir un rectangle de trois colonnes et un dispositif coiffé à l’est par un dévidoir (ndlr : mécanisme qui permet de dérouler les fils estampillés). C’est près d’un mur et au bord d’une petite ruelle, à quelques pas de sa cour que mère et fille font la chaîne (action qui consiste à ranger les fils pour faciliter le tissage du pagne). Elles prennent le bout d’un fil depuis le dévidoir qu’elles tirent de sorte à ce que le fil fasse le tour des piquets. Mais, elles se voient souvent dérangées par de jeunes gamins qui jouent au football laissant leur ballon faire irruption dans leur bureau à ciel ouvert.
Pour ce jour, elles doivent faire une soixantaine de va-et-vient pour finir leur première chaine. Une activité nécessaire avant le passage au tissage proprement dit. Il faut bien réussir cette tâche, pour ne pas avoir des fils mélangés lors du tissage. A cet exercice, les deux complices y mettent du sien.
Grand travail, petit argent
Parlant de la complexité de la confection du pagne Faso dan fani, Sanata explique un travail qui demande à la fois du temps, de la concentration, des connaissances et des moyens financiers. « J’achète le paquet du fil à 2250 F CFA l’unité et le rouleau à 6250 F CFA », a-t-elle déclaré. Pourtant, il lui faut souvent plus d’un rouleau pour tisser un seul pagne.
En plus de l’achat du fil, Sanata doit aussi acheter de la teinture pour donner une autre couleur aux fils afin d’avoir un pagne avec la couleur souhaitée. « Quand nous prenons les fils, nous mettons de la teinture, pour ensuite les bouillir pour éviter que la teinture se déteigne au lavage. Ensuite, on lave les fils au savon » a développé la tisseuse.
Continuant à enrouler ses fils, la sueur au front, Madame Bouda lâche : « le tissage du Faso Dan fani n’est pas chose facile ». Néanmoins, elle confie qu’avec l’aide de sa fille, elle arrive à tisser en gros 20 pagnes par semaine. « Mais, comme ce sera bientôt la rentrée et que ma fille va retourner à l’école, je ne serai plus à mesure de tisser 20 pagnes », affirme-t-elle, penaude.
Malgré son expérience dans le domaine, Sanata ne se plaint pas de ses rendements, mais, elle n’est pas aussi satisfaite. Vendant généralement un pagne à 7500 F CFA, elle rapporte que le bénéfice tiré est assez faible.
« Je suis allé hier avec vingt pagnes, mais la demande n’a pas été suivie. Sur les vingt pagnes je me suis retrouvée en fin de compte avec 5000 Fcfa comme bénéfice », a-t-elle affirmé. « 5000 F CFA comme bénéfice pour une semaine de temps de travail et ce, sans compter les frais de carburant utilisés pour faire le marché », a-t-elle dit avec un sourire ironique à l’appui.
Un label encore méconnu par certaines tisseuses
Le Faso dan fani étant l’une des identités culturelles du pays, le gouvernement à travers le ministère de l’industrie du commerce et de l’artisanat dans l’optique de promouvoir le Faso Dan Fani l’a labélisé.
Cette mesure qui vise à donner plus de valeur à cette étoffe de cotonnade « made in Burkina » est encore méconnue des acteurs de la chaine de production. C’est le cas d’ailleurs de Sanata, tisseuse. « J’ai commencé à tisser avant que Blaise (ndlr : Blaise Compaoré, chef de l’État démissionnaire le 31 octobre 2014) ne quitte le pouvoir. Mais je n’ai pas encore entendu parler d’une quelconque labélisation », a déclaré la quadragénaire d’un air surpris.
Etrangère de cette histoire de labélisation, elle demande à savoir de quoi il s’agit. Après avoir compris que c’est un processus dont la partie visible est une sorte d’identifiant qu’on appose sur le pagne Faso Dan Fani qui permet de le protéger contre la contrebande. Elle insiste que c’est sa toute première fois d’entendre parler d’une telle chose.
Sanata n’est pas la seule tisseuse à ne pas savoir ce que c’est que le label Faso Dan Fani. Sa camarade Aminata Compaoré qui, a aussi son métier à tisser près de la sienne embouche la même trompette. « C’est vous qui m’apprenez que le Faso Dan Fani a été labélisé », a-t-elle répondu à la question de savoir si elle a déjà entendu parler de la labélisation du Faso Dan Fani.
« Hum… Comme nous sommes un peu à l’écart, nous n’en avons pas entendu parler », Kariéta Pacmoogda, tisseuse
A Koubri, localité située à un jet pierre de Ouagadougou du côté Sud, le label du Faso Dan Fani est méconnu chez des tisseuses. C’est le cas de Rakiéta Pacmogda, rencontrée le 23 août 2021. Elle habite Kouba, un village rattaché à la commune de Koubri.
Rakiétou a appris à tisser avec sa mère. Aujourd’hui mère de cinq enfants, elle parvient à joindre les deux bouts grâce au tissage des pagnes, même si elle souhaite mieux. Assise à l’ombre d’un hangar de sa cour, Rakiétou tisse la sueur au front. Elle doit parfois marquer des pauses pour allaiter son bébé. Malgré tout, la détermination y est. « Le travail n’est pas facile mais comme on veut manger, comment on va faire », a-t-elle lâché.
A la question de savoir si elle possède le label du Faso Dan Faso, d’un air froid, elle demande de quoi s’agit-il ? Après explications, elle affirme qu’elle n’en possède pas et d’ailleurs elle n’avait jamais entendu parler. « Hum… Comme nous sommes un peu à l’écart, nous n’en avons pas entendu parler », a-t-elle déclaré.
« Les fils coutent extrêmement chers »
Sanata n’est pas passée du dos de la cuillère pour exprimer son besoin. « Les fils coûtent extrêmement cher pour nous, c’est ce qui fait que le prix du Faso Dan Fani est plus cher que les autres pagnes », a-t-elle lancé. Quant-au prix de la teinture, elle fait remarquer que son prix est relativement abordable. Elle n’aspire qu’à une seule chose pour que ses affaires prospèrent : voir une baisse du prix des fils. « Si vous voulez valoriser le Faso Dan Fani, dites à Roch de baisser le prix du fil », a-t-elle vivement souhaité dans un rire.
Par manque de moyen pour acheter les gros lots de fil, Sanata perd des sous. Elle explique qu’acheter le « bal » de fil à raison de 87 500 milles francs est encore rentable que de se contenter de rouleaux à 6250 F car avec le bal, il y a une sorte de remise. Mais, hélas, vouloir ce n’est pas forcément pouvoir, soupire-t-elle.
Pour pallier cela, elle demande à l’Etat de mette à la disposition des tisseuses des prêts pour qu’elles puissent bien travailler, car dit-elle : « c’est le fil qui fait défaut ».
Faso dan fani : quand le vrai et le faux se côtoient au marché
Attention ! Ce n’est pas tout ce qui ressemble au pagne Faso Dan Fani qui l’est. La raison, du faux Faso Dan Fani circule toujours. C’est le constat fait le vendredi 10 septembre 2021 au marché du « 10 ». Un constat qui confirme les dires de la tisseuse Sanata Bouda qui a fait mention des cas de pagnes Faso dan fani « chinois » (en référence à l’origine chinoise).
Parmi les pagnes estampillés dans le hangar d’un commerçant du marché, un pagne à l’allure Faso Dan Fani se fait voir. Mais à l’approche, l’hypothèse n’est pas vérifiée. « C’est du faux Faso Dan Fani » reconnaît le propriétaire des lieux à la demande si c’est le pagne tissé artisanalement. Néanmoins, il dit être informée que la vente du « Faso Dan Fani chinois » est interdite sur le territoire Burkinabè.
Du reste, il laisse entendre qu’il s’agit de vieux pagnes qu’il a des difficultés à écouler. « Ne voyez-vous pas que ces pagnes sont couverts de poussières ? » se défend-il. Tout en reconnaissant que son activité est illégale, il dit vouloir épuiser son stock avant d’arrêter. Il confie que depuis la labellisation du Faso Dan Fani, le marché du faux Dan Fani a baissé. « Les gens n’aiment plus ce pagne. Quand tu le portes, tu as le sentiment qu’on te regarde comme un pauvre » a-t-il déclaré.
Ce n’est pas seulement au marché du 10 qu’on trouve le faux Faso Dan Fani. Le grand marché en draine aussi.
Peut-on trouver le Faso dan Fani venant de la Chine ? Un commerçant nous répond par l’affirmative mais après avoir tourné dans deux lieux, les pagnes traditionnels trouvés étaient celles tissées artisanalement. Aussitôt, nous avons relancé un commerçant qui nous conduit dans une boutique de grossiste. Le pagne Faso dan fani contrefait est bien disponible en quantité mais pas question de vendre en détail. Le commerçant laisse entendre quand même qu’il peut vendre les trois pagnes à raison de 2000 F CFA.
Des commerçants du grand marché déprécient la labélisation du Faso Dan Faso
Aboubacar Guira est vendeur de pagne traditionnel. Assis sur sa machine à coudre, le quadragénaire a applaudi aux premières heures de labélisation du Faso Dan Fani, selon son dire. Quelques mois après, cet espoir de voir ses affaires prospérer s’est interrompu.
« Le ministère a saisi une à deux fois des pagnes contrefaits et les a brûlés mais aujourd’hui, le marché est encore inondé de pagnes contrefaits », a-t-il lancé. Il estime que les vendeurs des pagnes artisanaux sont victimes de concurrence déloyale parce que le « faux Faso dan fani » coûte presque 10 fois moins cher que le vrai pagne tissé. Il précise que le « pagne chinois » coute en gros 750 alors que celui-tissé coûte 7500 F CFA au moins. D’ailleurs dit-il, « je n’ai jamais vu, le pagne dit labélisé. Ce sont des discours sinon on n’a jamais vu ce type de pagnes, selon nous, ce sont des paroles en l’air », s’est-il offusqué.
Pour son chiffre d’affaire, M. Guira, affirme qu’il n’a pas changé depuis la labélisation du pagne.
Boubacar Bamogo est voisin à Adama Guira. Il vend également des pagnes Faso dan fani au marché de Rood woko. Pour lui, la montagne du projet de labélisation du Faso Dan Fani a accouché d’une souris. « Disons-nous la vérité, ça n’a pas réussi. Ils disent qu’ils veulent lutter contre la contrefaçon mais, elle est toujours là. Les pagnes contrefaits entrent dans le marché toujours et de la manière la plus belle », a-t-il dit, rangeant ses pagnes sur ses étagères.
Un pagne qui vole haut dans la cité de l’épervier
Dans la cité de l’épervier (Manga), le pagne Faso dan fani n’est pas le moins prisé, foi d’Emile Ouédraogo, chargé de projet au niveau de l’association Zak la Yilgmé. Une structure qui œuvre dans la scolarisation des jeunes filles, l’insertion socioprofessionnelle, la lutte contre le travail des enfants. Pour se faire l’association a une équipe de tisseuse.
Il a expliqué que depuis ces derniers temps, la cotonnade de son association s’achète comme de petits pains. « Demandez aux tisseuses, depuis l’année dernière, elles n’arrivent plus à satisfaire la demande, la clientèle est importante ». Mais, cette association pionnière dans le tissage du Faso dan fani dans la région du Centre-Sud ne possède pas encore le label. A l’en croire, l’association a enclenché le processus pour avoir l’accréditation du label. Néanmoins, il ne doute pas de la qualité du pagne. Néanmoins, il ne doute pas de la qualité des pagnes de confectionner pas les membres de son association. « Je pense que si nous avons la clientèle, cela est dû à la qualité du pagne, même les autorités l’ont reconnu », a-t-il affirmé. Mais, il espère qu’un jour son association disposerait du label du pagne tissé Burkinabè.
» Depuis l’année dernière, mon chiffre d’affaire n’a pas augmenté » Hadja, tisseuse résidant à Koudougou
Ce 8 octobre 2021, le soleil s’est à peine levé dans la cité du cavalier rouge, localité où Hadja comme l’appelle affectueusement son mari a déjà placé son dispositif. Métier à tisser, rouleau de fil en place, elle est à la tâche avec pour objectif de finir son pagne qu’elle avait déjà commencé la veille. Sa fille benjamine de ans regarde sa mère travailler.
Adja tisse depuis une dizaine d’années. A la question de savoir si, elle a une fois entendu parler de la labélisation du Faso dan fani sa réponse est froide. Après explication, elle affirme qu’elle n’a jamais eu vent d’une telle chose. Cette action des responsables du commerce qui vise à valoriser le pagne tissé du terroir n’a pas eu d’impact positif sur le quotidien de la tisseuse. Alors que la labélisation tend vers une année, elle n’a rien senti comme amélioration de son chiffre d’affaire. « Depuis l’année dernière, mon chiffre d’affaire n’a pas augmenté, ç’a même diminué. Avant, les commerçants venaient acheter à 5000, après ils ont enlevé 250 et après ils ont retiré encore 250 d’autres veulent même l’acheter à 4000 mais nous refusons », a-t-elle regretté.
Elle ajoute que parfois, elle ne parvient pas à obtenir ses frais de production après la vente de son produit. « Nous achetons le rouleau à 7750 il y a les paquets que nous achetons à 2250 F », a-t-elle précisé. La tisseuse dit ne pas appartenir à une association, mais elle n’hésitera pas si l’occasion se présente.
Le tissage du Faso dan fani comme occupation en entendant…
Aminata Ouédraogo réside également à Koudougou. Elle est étudiante en première année à l’université Norbert Zongo. Elle relate que c’est après sa réussite au baccalauréat, qu’elle a appris à tisser. « Comme nos cours à l’université n’ont pas encore commencé je m’occupe en tissant, cela me permet d’avoir de l’argent ». Sans être une tisseuse professionnelle, elle trouve le métier rentable. Mais en ce qui concerne la labélisation du Faso dan fani, elle ne semble pas être au parfum de la nouvelle. A la question de savoir si elle n’est pas inquiète que son modèle soit piraté, elle déclare : on peut copier mais la matière ne sera pas la même. Elle rassure tout de même que la labélisation est une bonne chose après avoir compris le sens du label.
Pour l’heure, la grande majorité des tisseuses vous demandent de facto : « labellisation ya boin ?» ou labellisation c’est quoi ? En langue mooré ; lorsque vous abordez le concept avec elles.
« La labélisation du Faso dan fani est un acte salutaire », (FENATI-BF)
Si l’intérêt de la labélisation du Faso Dan Fani est encore discutable chez certaines tisseuses et vendeurs de pagnes, ce n’est pas le cas de la présidente de l’Union des associations des tisseuses du Kadiogo Justine Kafando (U.A.T.K.), par ailleurs la présidente de la Fédération nationale des tisseuses du Burkina Faso (FENATI-BF).
« Nous remercions le gouvernement pour le label qui permet de protéger les motifs des tisseuses contre la contrefaçon ». Ainsi, celle qui totalise plus de 40 ans dans le tissage des pagnes sent que ces chefs d’œuvres sont désormais sécurisés. « Le ministère du commerce et le Centre national de la propriété intellectuelle dit d’envoyer les nouveaux modèles que nous avons conçus pour qu’ils les protègent. Et si c’est protégé, quand on voit, on dénonce et les autorités saisissent et les brulent », a déclaré Madame Kafando. D’ailleurs, elle soutient que l’année dernière le ministère a brûlé des tonnes de pagnes contrefaits.
Justine relate également que le pagne labélisé coute légèrement moins cher que celui non-labélisé. « Par exemple, si nous vendons un pagne à 6000 Fcfa et si on le labélise, le même modèle, ça fait 7000 Fcfa », a-t-elle déclaré. Elle justifie, que l’emballage a aussi son coût qu’il faut prendre en compte.
« Le label est avantageux pour ceux qui ont le label », Justice Kafando
Pour la présidente du FENATI-BF, le label est bien mais s’acquiert avec divers sacrifice. « Le demandeur doit faire la demande à la CNPI. Et maintenant, c’est à lui, de se déplacer pour prélever les échantillons, les analyser et jauger si les pagnes du demandeur répondent aux critères établis. Si tout est normal la CNPI délivre le label dans le cas contraire, le demandeur est ajourné », a-t-elle expliqué.
Pour reconnaître le pagne labélisé, elle explique que le consommateur peut se référer à l’étiquette, qui affiche plusieurs informations, notamment sur la qualité du tissu et sur les fabricants. Si le client n’est pas convaincu, il peut effectuer des vérifications depuis son smartphone, à l’aide d’un QR code ou un code-barres qu’il faut flasher ou aller sur le site du portail d’entrée au Burkina.
L’union des tisseuses pour mieux tisser le secteur
Certaines tisseuses ont déclaré n’avoir jamais eu vent d’une quelconque labélisation du Faso Dan Fani. Un fait qui intrigue la présidente de la FENATI-BF. « Héeh, ça m’étonne. C’est qu’elles ne suivent pas l’actualité. On en a parlé dans les médias. Oh », s’est-elle écriée d’un air étrange.
Pour éviter de tels disfonctionnements, elle invite les tisseuses à se mettre en association. « Une femme qui tisse seule, on ne la connaît pas, même s’il y a des opportunités de marché ou de formations, on ne peut pas l’aider puisqu’on ne sait pas où, elle tisse », a-t-elle affirmé.
Comme difficultés du secteur du Faso Dan Fani, la présidente relève la cherté du prix du fil. Et ce, malgré que le fil est produit au Burkina. La teinture coûte également cher, dit-elle. Son souhait et celui de ses consœurs est de voir le prix du fil baisser. Cela permettra dit-elle d’avoir des pagnes à moindre coût, accessibles à tous les Burkinabè.
Pour elle, tous les Burkinabè aimeraient porter le Faso Dan fani car c’est une indenté culturelle du pays. Mais le pagne coûte cher. « Comment avoir quelque chose quand on n’a pas les moyens ? » s’est-elle interrogée. Toutefois, le Faso Dan Faso nourrit son homme, selon Madame Kafando. Ce métier permet à nombreux de femmes de s’épouïr. « Ce n’est pas jour de réunion sinon, vous verrez que la devanture est remplie de voiture. Il y a des femmes qui ne sont pas allez à l’école mais qui roulent en voiture grâce aux Faso Dan Fani », a-t-elle indiqué. C’est la preuve qu’il y a l’argent dans le Faso dan fani, a-t-elle conclu.
Le terrorisme dérange le marché du Dan Fani, Edwige Toguyéni
Le terrorisme agit négativement dans le secteur du Faso Dan fani, selon la présidente de l’association des artisans du Gourma. Elle s’explique dans la vidéo ci-dessous.
Visionnez les couloirs du reportage dans la vidéo ci-dessous
NB
Nous avons voulu entendre le Centre national de la propriété intellectuelle sur le déroulement de la labélisation. Mais jusqu’au moment où nous publions ces lignes, la structure n’a pas encore accordé l’entretien à filinfos.net.
Nous avons voulu entendre aussi la version de la société de Filature du Sahel (FILSAH) (ndlr : l’entreprise de fabrique du fil à tisser au Burkina. Malheureusement, les responsables de l’entreprise n’ont pas encore accordé l’entretien.
Nous avons voulu aussi entendre le ministère de l’industrie du commerce et de l’artisanat sur l’évolution de la filière Faso dan fani puis sur le processus de labélisation, les enjeux, les difficultés et le profit tiré sur la labélisation du pagne.
Nous vous promettons de revenir avec leur version dans les prochains jours.
Emmanuel Gouba
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