Assassinat de Thomas Sankara : « Je n’ai pas le sang d’un être humain sur mes mains », Jean Pierre Palm, ex-commandant de la gendarmerie

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Reprise du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 compagnons ce lundi 8 novembre avec la poursuite de l’interrogatoire du colonel major Jean Pierre Palm.

À la barre, Jean Pierre Palm a une attitude rassurante, il n’hésite pas sur ses réponses.  » Monsieur Palm est-ce que vous en tant deuxième officier de la gendarmerie, vous pouvez nous dire que vous n’étiez pas au courant? » balance la partie civile à l’accusé qui répond par la négative. Une réponse qui a surpris la partie civile, puisque Jean Pierre Palm, en plus d’être le numéro 2 de la gendarmerie au moment des faits était également directeur général de la sûreté de l’État.

Dans cette série de questions réponses, Me Prosper Farama, avocat de la partie civile ajoute une épineuse question. Qu’est-ce que vous avez fait lorsque vous avez entendu les tirs ? Et à accusé de répondre qu’il ne pouvait rien faire  » puisque je n’avais pas d’armes » et qu’il a aussi été surpris d’entendre les tirs.

Sur cette réponse Me Farama réplique que donc l’officier de la gendarmerie n’a pas eu d’initiatives pour sauver la situation. En réponse, l’accusé demande à renverser la règle à savoir poser la question à l’avocat. Le président du tribunal marque son accord et à Jean Pierre Palm de lancer : « Le jour où Cappuccino a été attaqué à Ouaga est-ce que tous les militaires se sont retrouvés à Cappuccino ? », a-t-il interrogé. « Je ne pourrai pas vous renseigner parce qu’à cette époque je n’étais pas militaire », a répondu Me Farama.

Pour l’ancien Commandant de la gendarmerie nationale, il a pleinement joué son rôle d’officier de gendarme en exécutant des ordres de ses supérieurs. « Aujourd’hui c’est une chance pour nous tous d’être dans un système démocratique. Sinon en son temps, on te dit de faire, tu fais. Si tu refuses, tu ne sais pas ce qui peut arriver après. », a confié l’accusé à la barre.

 » La table d’écoute ne servait pas à grand chose »

Accablé sur la question de la désactivation de la fameuse table d’écoute puisqu’il lui est reproché d’avoir participé à détruire ladite table avec l’aide des Français au Conseil de l’Entente, l’ancien commandant de la gendarmerie trouve cette accusation un peu  » ridicule ». A l’en croire la table d’écoute ne servait pas à grand chose.  » Cette table ne stocke pas d’informations, je ne vois qu’est-ce que les putschistes gagneraient à la désactiver ».  » Je ne sais pas pourquoi on va désactiver la table d’écoute de la gendarmerie et laisser celle de la police, puisque la police avait aussi sa table », a-t-il ajouté.

Pour l’implication des Français dans cette histoire de désactivation de la table, il affirme : Ceux qui disent que ce sont des Français qui sont venus désactiver, je peux comprendre leur sentiment anti-français. C’est leur droit, mais on n’avait vraiment pas besoin des Français pour désactiver une table d’écoute car on avait les compétences puisqu’il suffisait d’appuyer un bouton à l’ONATEL ( ndlr Actuel Moov Africa) », a-t-il révélé.

 » Il y a des gens qui m’en veulent à tort ou à raison », Colonel Jean Pierre Palm

A la barre l’ex commandant de la gendarmerie avoue que sa carrière contrairement à ce que nombreux pensent n’a pas été un long fleuve tranquille.« J’ai été enlevé à la tête de la gendarmerie en septembre 1989 après l’affaire du coup d’Etat de Lingani. J’ai fait 16 ans sans travailler sous Blaise », a-t-il cité. Il soutient qu’il a même failli perdre la vie. « Un prisonnier est venu me dire qu’une tombe a été creusée pour moi, et de me chercher », a-t-il informé. Et d’ajouter que selon l’une de ses connaissances c’est le feu Salifou Diallo qui avait demandé au chef de l’État de ne pas l’éliminer.

Pour sa défense, le parquet, la partie civile et même l’agent judiciaire de l’État ont exagéré dans les questions posées à son client. Tout compte fait, il déplore que le parquet est passé à côté de son sujet. « Je voulais que chacun se débarrasse de la haine pour qu’on puisse aller au bout de la manifestation de la vérité. Je ne veux pas que Jean Pierre Palm soit jugé pour toute sa carrière d’officier de gendarme mais pour les faits qui sont retenues contre lui à savoir complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat », a lancé Me Kopiho.

L’accusé avant de se retirer déclare que des calomnies et des problèmes, il en a souffert sous le régime Compaoré.  » Depuis 1989, je n’entre pas dans un camp militaire. Après quand Blaise est dans sa magnificence, je suis un ami, s’il est dans des problèmes je suis un ennemi ». Pour finir, le sexagénaire lâche cette phrase : ce que je sais, je n’ai pas le sang d’un être humain sur mes mains. Je dis Dieu merci.

A la suite de Jean Pierre Palm, c’est l’accusé Tindo Pascal Tondé allias Manga-Naaba qui a été appelé à la barre. Il est accusé pour subordination de témoins.

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