Jour 6 du procès de Thomas Sankara : une chaude discussion entre l’accusé Nabonsseouidé Ouédraogo et Me Proper Farama
Le procès de l’assassinat de Thomas Sankara et ses compagnons a repris ce mardi 2 novembre 2021 avec l’interrogatoire de Nabonsseouidé Ouédraogo, alors militaire affecté à la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré au moment des faits. Il est accusé comme tous les autres d’ailleurs pour avoir volontairement donné la mort de Thomas Sankara et à ses compagnons et de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat.
Dans son récit, l’accusé Nabonsseouidé Ouédraogo, militaire affecté à la sécurité de Blaise Compaoré a dit qu’il était présent au conseil de l’Entente le 15 octobre 1987, jour où Thomas Sankara a été tué. « Quand les tirs ont commencé, je me suis caché dans un semblant de piscine avec deux autres militaires et nous y sommes restés jusqu’au matin à 9 heures où nous sommes allés au domicile de Blaise Compaoré » a-t-il expliqué. Il a ajouté qu’il n’est ni de près ni de loin mêlé à ce coup d’État.
Quand vous avez quitté le conseil de l’Entente vous êtes reparti d’abord chez vous à la maison avant de rejoindre le domicile de Blaise Comparé, n’est-ce pas ? Une question de Me Nzeppa avocat de la partie civile à l’accusé. Cette question a suscité » l’indignation » de l’accusé qui réplique : « je ne suis pas rentré chez moi après avoir quitté le conseil de l’Entente. Je suis allé directement au domicile de Blaise ». Pourtant à en croire Me Nzeppa, l’accusé a déclaré devant le juge d’instruction et son avocat qu’il s’est rendu chez lui à domicile avant d’aller au domicile de Blaise Compaoré.
A la question de savoir s’il était au courant qu’il y a eu un coup d’État quand il s’est rendu au domicile de Blaise Compaoré, il déclare : tout le monde le savait. Mais comment avez su ? Les médias en parlaient, répond-il. Avez-vous eu l’occasion de suivre les médias puisque vous dites qu’après 9 heures vous vous êtes rendu directement chez Blaise Compaoré ou vous avez trouvé » tout le monde ». Il finit par dire que c’est Hyacinthe Kafando qui lui a informé que le président a été tué sans donné de détails.
Après les questions de Me Nzeppa, Me Propre Farama a pris la parole et est revenu sur la même question. Êtes-vous allé chez vous avant d’aller au domicile de Blaise Compaoré oui ou non ? « Je n’ai jamais dit que je suis allé à mon domicile avant d’aller chez Blaise. D’ailleurs en ce moment, je n’avais pas de domicile à Ouagadougou » répond l’accusé. Mais cette déclaration va monter la dose de Me Farama qui déclare : Monsieur Nabonsseouidé Ouédraogo, soit vous mentez soit vous ne respectez pas votre avocat car c’est bien écrit dans la déposition que vous et votre avocat vous avez signé. « Donc, c’est inadmissible que vous niez ces faits aujourd’hui », a conclu Me Prosper Farama. Mais, l’accusé reste campé sur sa position : « Je n’ai jamais dit je suis allé chez moi avant d’aller au domicile de Blaise Compaoré », a-t-il lâché avec ferveur.
Autre point de désaccord, c’est que dans l’instruction, l’accusé a déclaré qu’il a entendu le son d’une DCA, chose que l’accusé nie en bloc à barre. Pourtant, elle souligne que l’accusé l’a déclaré en présence de son avocat.
Pourquoi êtes-vous directement allés au domicile de Blaise Compaoré, l’accusé répond que c’est pour voir ses chefs. Pourtant, il avait affirmé qu’il a vu ses chefs dont Hyacinthe Kafando et d’autres qui ont embarqué dans une voiture et sont partis. Donc, réplique Me Farama vous n’avez pas cherché à savoir que deviennent vos chefs après les tirs ? Et à l’accusé de répondre que le danger était déjà là et que la solution était de trouver un abri.
L’accusé dans son récit à insister qu’il s’est camouflé dans un semblant de piscine aux environs de 16 heures jusqu’à 9 heures. Sur cette déclaration Me Farama se demande comment un commando peut avoir une telle réaction face à un danger et à l’accusé de répondre que c’est l’endroit le plus sûr qu’il a trouvé.
Toutefois Nabonsseouidé Ouédraogo a des regrets pour ce procès. » Mon regret : me voilà assis à la barre pour répondre à des questions. Et les deux autres compagnons qui étaient avec moi le jour de l’assassinat sont décédés et Hyacinthe n’est pas là. Si Hyacinthe était là, je ne serai pas à la barre et même si j’étais là, c’est en tant que témoin et non en tant qu’accusé. Mais, comme ils ne sont pas là, je vais parler et d’autres ne vont pas me croire » a-t-il déclaré lorsque son avocat commis d’office Me Mamadou Nzeppa lui a posé la question.
Un interrogatoire qui s’est déroulé dans une ambiance parfois tendue entre l’accusé, le parquet et la partie civile. En attendant les confrontations, l’accusé Nabonsseouidé Ouédraogo nie les faits.
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Emmanuel Gouba
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