Démocratie au Burkina : un chemin périlleux
15 septembre 2021, le monde commemore la journée internationale de la démocratie. Le Burkina Faso, indépendant depuis 1960 a tenté de marcher sur les pas de la démocratie. Une démocratie entrecoupée par des régimes militaires jusqu’en 1991 avec l’adoption de la 4e République.
Peut-on parler de démocratie au Burkina Faso ? Sans prétention la réponse est oui, même si des questions restent en suspens.
Déjà, il faut rappeler que depuis l’adoption de la 4e République le 2 juin 1991, le Burkina Faso a renoué avec un régime démocratique avec à la clé l’organisation régulière des élections. Au début, c’est d’abord un mandat de sept ans renouvelable une fois au niveau des élections présidentielles.
C’est ainsi que la première élection présidentielle de la quatrième République s’est tenue en décembre 1991. Une élection « boycottée » par l’opposition. Le président Blaise Compaoré, arrivé à la tête du pays à la suite d’un coup d’État en 1987, se présente donc sans opposants et l’emporte sans surprise avec 100 % du suffrage, pour une participation d’un peu plus de 27 %. Sous ce mandat, le président Compaoré a modifié la constitution autorisant le président a être élu pour un mandat de sept et renouvelable plusieurs fois.
Après 1991, le Burkina Faso a connu une nouvelle élection présidentielle le 15 novembre 1998. Une élection qui a été à nouveau » boycottée » par les principaux partis d’opposition. Aux sortir des élections, le président Blaise Compaoré est réélu avec 87,2 % du suffrage, pour une participation d’un peu plus de 56 %.
Mais ce deuxième mandat du président Compaoré au cours de la 4e République ne sera pas un long fleuve tranquille. Le 13 décembre 1998, le journaliste Norbert Zongo, est assassiné. Une mort qui a provoquée de vive émotion au sein des populations notamment la jeune classe politique, les médias et les défenseurs des droits de l’homme. Ces manifestations ont débouché sur des revendications. En réponse de ces revendications, le gouvernement a atammé un dialogue avec toutes les couches sociales. Des négociations qui se sont soldées avec d’importantes décisions comme la mise en place de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
En 2000, le régime revient sur la modification de l’article 37. Non seulement, le nombre de mandats est à nouveau limité à deux, mais leur durée descend à cinq ans. Arguant du caractère non rétroactif de cette nouvelle Constitution, Compaoré, déjà élu en 1991 et en 1998, se représente avec succès en 2005 et en 2010.
2014: une date importante dans l’histoire politique du Burkina
Si la modification de l’article 37 est passée en 2000 sans assez de bruits, cela n’a pas été le cas pour 2015. C’est cette volonté de rébelloter qui a fait écroulée le président Compaoré.
De protestations en protestations, le régime fini par s’écrouler par une insurrection populaire 31 octobre 2014. Une insurrection populaire qui a fait une vingtaine de morts, de nombreux blessés, laissant les locaux de l’Assemblée nationale en fumée et d’enormes dégâts matériels.
Une transition de 2014 à 2015
Juste après le coup d’État, le lieutenant colonel Yacouba Isaac Zida, numéro 2 du Régiment de sécurité présidentielle ( RSP) prend les reines du pays. Très contesté, il passe le témoin à un civile notamment Michel Kafando, désigné par la classe politique et les acteurs de la société.
16 septembre 2015: une tentative de coup d’État perturbe la transition
Alors que la transition s’acheminait vers sa fin, elle sera interrompue par un coup d’État porté par le Général Gilbert Dienderé. Le président de la transition Michel Kanfado, son Premier ministre et de deux ses ministres ont été arrêtés. Un coup d’État qui a encore fait des morts, des blessés et de nombreux dégâts. En moins de deux semaines, les putchistes ont libéré le plancher et la transition a repris son cours. Des élections sont organisées le 29 novembre 2015 avec Roch Marc Christian Kaboré est élu président du Faso. En 2020, les Burkinabè lui conférent un second mandat avec environ 57% des voix.
Emmanuel Gouba
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