Procès des présumés terroristes: un détenu invite la force Barkhane aux débats

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Le procès des présumés terroristes poursuit son épilogue. Pour ce troisième jour, deux dossiers sont à l’ordre du jour, mais c’est finalement un dossier qui a été traité. Celui de TD3 qui a été condamné  à 21 ans de prison ferme assortis d’une période de sûreté de 14 ans et d’une amende de deux millions.

Mercredi 11 août 2021, troisième jour du procès des présumés terroristes. Deux dossiers sont à l’ordre du jour. Mais, le temps passe et les détenus ne se présentent pas au tribunal. Il faut attendre 10 heures 45 minutes pour voir l’audience s’ouvrir. Puis quelques minutes après l’audience est suspendue pour des problèmes de sonorisation. En moins de trois minutes la panne technique est résolue et le tribunal effectue une deuxième entrée dans la salle. Aussitôt, le président du tribunal donne la parole au procureur pour les observations. Il va  se contenter de rappeler quelques consignes : pas de prise de son ni d’images dans la salle, et il est aussi interdit de révéler l’identité des personnes impliquées.

Un détenu manque à l’appel

Après le procureur du Faso, le president du tribunal prend la parole et appelle le prévenu à la barre. Le parquet constate l’absence du prévenu. Le procureur informe que le détenu est absent parce qu’il n’a pas été convoyé. Il explique que la garde de sécurité pénitentiaire (GSP) a refusé de remettre le détenu parce qu’elle est en movement d’humeur. Ainsi le procureur annonce le renvoie du dossier au vendredi 13 août 2021, jour de la fin de la session.

TD3 face à son destin

Le parquet fait appel au prochain prévenu. Il s’agit de TD3 (initial), âgé de 25 ans et accusé pour association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme.  A la barre, TD3 ne manque pas d’audace dès les premières questions.  » Pourquoi vous êtes ici » question du juge au détenu. Sans détour il répond: allez-y demander à ceux qui m’ont emmené ici ». Et au procureur de relancer « qui t’a emmené? » « c’est la force Barkhane » répond le prévenu.

Il esquive les questions du juge soit en disant de demander à la force Barkhane ou de regarder dans son dossier.  Mais le parquet ne lâche pas prise il veut savoir ce qui s’est passé.

Le juge le questionne à nouveau le détenu:  où est-ce que la force Barkhane t’a capturé. Le prévenu répond:   c’est à Ariel (localité situé dans les hameaux de culture de la province du Soum).

Que faisais-tu là-bas avant qu’on t’arrête?

  » Allez-y demander à la force Barkhane » répond le prévenu visiblement agacé. Une réponse qui a fait changer le visage de l’assistance, certains commencent à murmurer, le président du tribunal réclame le silence, et poursuit son interrogatoire. « TD3, qu’est ce que vous êtes partis chercher à Ariel » demande le juge? Le détenu répond qu’il est allé pour des besoins personnels qu’il ne saurait dire en public.

Le temps passe et les réponses du prévenu sont peu satisfaisantes. Le président du tribunal donne la parole au procureur pour les observations.

Le procureur a fait parler le détenu

La tactique du procureur semble gagner l’assentiment du détenu. Avec lui, le détenu essaie de fournir quelques bribes d’informations.

Le procureur déroule son questionnaire. Lorsque que la force Barkhane vous arrêtait votre femme venait d’accoucher, n’est-‘ce pas? Le détenu répond par l’affirmative. Le procureur poursuit: « c’est après l’accouchement que vous êtes allés à Ariel pour demander de l’aide pour le baptême de votre enfant? » oui, répondit-il. « Et c’est à qui vous êtes allés demander l’argent? » Poursuit le procureur. Après une petite hésitation, il répond qu’il a appris qu’il y a des gens à Ariel qui aident les nécessiteux. Il persiste et signe tout de même qu’il n’est pas parti à Ariel pour s’associer aux terroristes car dit-il  » ceux qui m’ont arrêté savent que près de mon village, il y a des terroristes et je n’ai pas besoin de voyager avant de rallier les terroristes ». Je ne suis pas terroriste » a-t-il déclaré. Il a affirmé qu’il lui a fallu huit heures de route pour quitter son village d’origine à Kassan ( localité malienne) pour rejoindre Ariel ( village du Soum).

Tout au long de son interrogatoire, TD3 nie qu’il n’est pas terroriste, alors que dans l’ordonnance qui a été lue, il ressort qu’il est associé au groupe Daoula (une une section de l’État islamique).

Selon le procureur, le détenu à été arrêté lors d’un bombardement de la force Barkhane d’un camp terroriste. Il explique que c’est lorsqu’il y a eu le bombardement se fit la demandade au camp et c’est donc les investigations qui ont permis d’arrêter TD3 qui se tenait près du camp. Il poursuit que lorsque le jeune homme a été arrêté ses mains et ses vêtements étaient couverts de la poudre à canon. Après des analyses chimiques, les services d’enquêtes ont constaté que TD3 a tiré une arme les 72 heures avant son arrestation. Et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé au tribunal.

TD3 a été condamné à 21 ans de prison ferme…

En phase des réquisitions, le procureur a demandé qu’il soit condamné à 21 ans de prison ferme assortis d’une période de sûreté de 15 ans et une amende de 2 million de F CFA.

En fin de compte, le parquet condamne TD3 à 21 ans de prison assortis d’une période de sûreté de 14 ans et une amende de deux millions.

Alors que le tribunal s’apprêtait à se retirer le condamné lâche une phrase qui va choquer l’attention de l’assistance:  » le juge ira en enfer ».

E.G

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