Mahamat Idriss Déby, nouvel homme fort du Tchad : « Je souhaite que ça ne soit pas tel père tel fils », Masbé Ndengar, Tchadien résident au Burkina

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Le Maréchal Idriss Déby Itno fraichement réélu pour un sixième mandat est décédé, le mardi 20 avril 2021. Quelques heures après l’annonce de sa mort, un conseil militaire de transition a été mis en place dirigé Mahamat Idriss Déby, l’un des fils du défunt président. Nous vous proposons la réaction de quelques Tchadiens résidents au Burkina.

Douswe Bagao, Tchadien réside au Burkina depuis 14 ans. Il est manager de ressources humaines, et par ailleurs membre du Collectif des Tchadiens indignés du Burkina. Pour lui, la mort d’Idriss Déby est choquante. Mais, dit-il cette situation pourrait être l’aboutissement d’un combat pour ceux qui ont combattu le régime du défunt président. Par ailleurs il s’indigne contre la prise du pouvoir de Mahamat Idriss Déby, fils de l’ex-président Deby. « On ne peut pas continuer de faire avec son fils puisque c’est le même système. Alors, nous marquons notre désaccord par rapport à cela. Il n’est pas question que ce soit le fils de Deby qui conduise cette transition encore moins quelqu’un de son système », a-t-il affirmé.

A son avis, le pouvoir doit être remis aux civiles conformément à la constitution à son article de 240 qui prévoit que le président de l’Assemblée nationale en cas de décès ou de de vacance du pouvoir et l’exerce pendant 90 jours. Si ce n’est le cas, remarque-t-il, c’est un coup d’Etat. Son souhait, est que le pouvoir revienne à la société civile et qu’on puisse organiser des assises et qu’on désigne un homme neutre qui puisse conduire cette transition.

 » Le pouvoir doit revenir purement et simplement aux civils », Chérubin Mbainaissem


Chérubin Mbainaissem, lui est étudiant en fin de cycle d’ingénieur à Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE), ancien président de l’Association des Étudiants, Stagiaires et Élèves Tchadiens au Burkina Faso l’AESET-BF2. Il vit au Burkina Faso il y’a déjà 7ans. « Même si on a tendance à dire souvent que rien n’est normal dans ce pays où on ne cesse inlassablement de fouler au pied la constitution (…) la constitution prévoit qu’en absence du président comme ce fut le cas, c’est le président de l’Assemblée qui doit le remplacer ou son premier vice-président mais, il n’y a toujours pas de vice-président au Tchad même si le poste a été créé. Dans cette même constitution qui stipule que pour diriger ce pays il faut avoir au moins 40 ans mais celui de ce conseil militaire en a que 37 ans donc toujours rien de normal dans ce pays », s’est-il indigné sur la prise du pouvoir du fils de Deby. Pour lui, ce groupe armé a confisqué le pouvoir qui devrait revenir au peuple tchadien. Il qualifie leur acte d’ailleurs de « coup d’Etat ». Chérubin Mbainaissem souhaite que le Tchad soit dans la paix et qu’un véritable dialogue soit engagé avec tous les acteurs afin de trouver une nouvelle formule qui sera mise en place pour dirriger la transition. » Le Tchad a souffert pendant des décennies alors, j’en appelle à la conscience et à la retenue de ce groupe d’hommes constitué des généraux pour qu’ils sachent que le pays a besoin d’institutions fortes et non des hommes forts », a-t-il lancé.

« On a trop souffert, depuis les indépendances jusqu’à maintenant. Il est temps de construire notre pays », Masbé Ndengar.

Masbé Ndengar, Tchadien résident au Burkina depuis une vingtaine d’années, par ailleurs journaliste dans un média de la place et membre du collectif des Tchadiens laisse entendre que la mort d’Idriss Déby est bien triste. « C’est vrai qu’Idriss Déby n’est pas le modèle de président qu’on veut, ni de démocrate qu’on veut mais quoi qu’on dise, c’est un Tchadien et un Tchadien décédé, c’est déjà de trop. On n’aimerait pas le voir mourir de cette manière », a-t-il déclaré. Pour lui, la mort de l’ex-président tchadien est liée à son refus d’aller au dialogue. « Tout le monde a appelé au dialogue, l’opposition politique, la société civile, même l’ONU et l’UA, mais, il a carrément refusé jusqu’à la dernière minute. Même les rebelles avec qui, il est parti combattre ont dit qu’ils restent ouverts au dialogue. Mais comme, il a toujours clamé qu’il va mourir arme à la main, il va toujours au front et voilà… », a-t-il regretté. Quant à la transition militaire de 18 mois qui sera conduite par Mahamat Idriss Deby, il dit ne pas être étonné. Et d’ajouter que le fils d’Idriss Déby était trop proche de son père. « Je souhaite vraiment que ça ne soit pas tel père tel fils », a-t-il conclu.

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