Filière anacarde : réponse du DG du Conseil Burkinabè de l’anacarde (CBA) aux griefs soulevés par le conseil interprofessionnel de l’anacarde au Burkina

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Lors de la conférence de presse organisée par le Comité Interprofessionnel de l’Anacarde du Burkina (CIA-B) le mercredi 27 janvier 2021 à Bobo- Dioulasso, des griefs ont été soulevés par les conférenciers qui appellent de la part du Conseil Burkinabè de l’Anacarde (CBA) des éléments de clarification en vue de donner à l’opinion nationale l’information juste et exacte. Ces éléments concernent les principaux points suivants :

–  d’une supposée doublure entre les missions du CBA et celles du CIA-B ;

–  de la supposé « surprise des acteurs du fait que les prélèvements sont qualifiés de fonds publics » et de la supposé « co-gestion » réclamée ;

–  de la supposé « non prises en compte des préoccupations des acteurs dans les actions menées par le CBA » ;

–  du processus de réflexion en cours pour de la mise en place d’agrément en qualité d’acheteurs professionnels de la noix brute de cajou au Burkina Faso.

I. de la supposée « doublure entre les missions du CBA et celles du CIA-B »

Sur ce point, il convient de préciser que le CIA-B est une association qui selon ses statuts de 2018, a pour objectif global de contribuer à la promotion de la filière anacarde et à l’épanouissement de ses membres.

En revanche, le Conseil Burkinabè de l’Anacarde est un Etablissement Public de l’Etat à caractère économique, crée par décret n° 2019-0429/PRES/PM/MINEFID/MCIA/MAAH du 09 mai 2019 avec pour mission la régulation, le suivi et le développement des activités de la filière anacarde au Burkina Faso. Ainsi, le CBA a entre autres pour attributions :

• contribuer à la mise en place d’un mécanisme de fixation de prix bord champ minimum garanti aux producteurs et veiller au respect de l’application de ces prix ;

• élaborer et faire respecter des codes de bonne conduite au sein de la filière anacarde ;

• instruire les demandes d’agréments des acteurs de la filière ;

• veiller au respect des principes et règles régissant les activités de la filière notamment en matière de commercialisation des produits de la filière.

De l’analyse des missions et de la nature des deux entités, il ne peut pas y avoir de doublure de mission mais plutôt une complémentarité. En effet, selon le principe qu’ « on ne peut pas être joueur et arbitre », il apparait évident qu’on ne peut pas confier la régulation d’une filière aux acteurs directs de la même filière dont les activités font objet de la régulation.

II. De la supposée « surprise des acteurs du fait que les prélèvements sont qualifiés de fonds publics » et de la supposé « co-gestion » réclamée

Le mode de collecte des prélèvements sur les exportations et réexportations de la noix brute de cajou et leur lieu de dépôt, donnent le caractère de fonds public de fait. En effet, les prélèvements collectés par les services publics de l’Etat et sont logés dans un compte trésor.

En ce qui concerne la question de la « co-gestion », il convient de souligner que la gestion des fonds publics ne peut être l’œuvre d’une association. Mieux, le CBA a mis des ressources financières à la disposition du CIA-B en 2020 à travers une convention de subvention d’un montant de plus de 500 millions destinés en grande partie à son fonctionnement.

III. De la supposée « non prises en compte des préoccupations des acteurs dans les actions menées par le CBA »

Selon les acteurs, « après une année d’existence, nous constatons avec amertume que les réelles préoccupations des acteurs sont loin d’être prise en compte ».

Il convient de rappeler que les activités menées par la Direction Générale du CBA sont d’abord soumis à l’approbation de son Conseil d’Administration composé de neuf (09) administrateurs dont quatre (04) acteurs directs des filières, quatre (04) acteurs de l’administration publique et un (01) représentant du personnel. C’est cette instance qui adopte le programme d’activités avant que la Direction Générale ne commence sa mise en œuvre. Il convient de souligner que les deux programmes d’activités 2020 et 2021 s’articulent autour des axes suivants :

–  Axe 1 : Augmentation de la production de noix de cajou ;

–  Axe 2 : Amélioration des capacités nationales de transformation du fruit de l’anacarde ;

–  Axe3 : Régulation du marché et promotion de l’accès aux marchés ;

–  Axe 4 : Pilotage et soutien.

Ainsi, depuis son opérationnalisation en novembre 2019, les principaux acquis suivants du CBA peuvent être notés :

L’organisation de la 3e session du Conseil des Ministres du Conseil International Consultatif du Cajou à Ouagadougou, du 17 au 20 décembre 2019. A l’issue de cette rencontre de haut niveau qui a réuni des Ministres et représentants de onze (11) pays, le Burkina Faso a été désigné comme pays assurant la présidence en exercice du CICC ;

 L’organisation de la participation du Burkina Faso au forum mondial du cajou du 12 au 14 février 2020 à Abidjan en République de la Côte d’Ivoire. La participation du Burkina (environ une quinzaine d’acteurs directs) a permis à notre pays de nouer des partenariats divers à travers notamment des rencontres B2B, G2B et G2G.

La mise à disposition des quatre (04) faitières de la filière anacarde des ressources financières d’un montant global de plus de 500 millions de FCFA à travers la signature d’une convention de subvention en février 2020. Cette subvention finance notamment le fonctionnement des secrétariats permanents des faitières, l’organisation de la cérémonie officielle de lancement de la campagne de commercialisation 2020 et le renforcement de leurs capacités respectives ;

La signature le 12 août 2020 d’une convention de partenariat pour la réalisation d’activités de recherche sur la filière anacarde entre le CBA et l’INERA au titre de l’année 2020 ;

La formulation d’une Initiative de mise à niveau des unités de transformation existantes d’un coût global prévisionnel de près d’un coût de 1,813 milliards FCFA sur une période de 3 ans. L’adoption et la mise en œuvre de cette initiative devrait permettre d’accroitre la compétitivité des unités de transformation existantes ; toute chose qui permettra de consolider des emplois existants et d’en créer de nouveaux ;

La mobilisation des investisseurs privés autour du projet de mise en place d’une unité de référence de transformation de la noix brute de cajou d’une capacité de 30 000 tonnes dont l’installation devrait, à terme, créer environ 1 500 emplois ;

L’organisation du 03 au 09 octobre 2020 de tournées régionales d’information et de sensibilisation sur les mécanismes de financement public au profit des acteurs de la filière Anacarde dans les Cascades, les Hauts-Bassins, le Centre-Ouest et le Sud-Ouest, afin que ceux-ci puissent bénéficier des Fonds de Relance Economique de la COVID 19 ; cette tournée a permis à plus d’une dizaine d’ acteurs de la filière d’être présélectionnés pour bénéficier des crédits desdits fonds ;

La signature le 13 novembre 2020 d’une convention avec l’Agence de Financement et de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises (AFP-PME), pour la mise en œuvre de l’Initiative de Renforcement du Capital Productif des entreprises de la filière Anacarde au Burkina Faso (IRCP-Anacarde BF). D’un coût global prévisionnel d’environ 550 millions FCFA sur une période de 2 ans, l’IRCP-Anacarde BF consistera notamment à :

  • renforcer les capacités productives de micros, petites et moyennes entreprises de transformation dans la filière Anacarde sous forme de subvention en équipements ;
  • faciliter l’accès des Petites et Moyennes Entreprises de transformation dans la filière anacarde, au financement du besoin en fonds de roulement à un taux d’intérêt bonifiés.

L’élaboration et l’adoption d’un manuel de procédure administratif, comptable et financier du CBA.

A cela, il convient de noter que l’ensemble ces acquis a été réalisé avec un effectif total du CBA de moins de 10 personnes en 2020.

IV. Du processus de réflexion en cours pour de la mise en place d’agrément en qualité d’acheteurs professionnels de la noix brute de cajou au Burkina Faso

En rappel, l’instauration de l’agrément est une mission régalienne de l’Etat qui s’inscrit dans le cadre la régulation des marchés et ce, conformément aux attributions du Ministère en charge du Commerce. Aussi, est-il bon de souligner que les acteurs directs de la filière ont plusieurs fois sollicité le Ministère en charge du Commerce à travers des documents officiels, pour l’instauration d’un système d’agrément dans la filière anacarde. A titre illustratif, on peut citer entre autres :

  • Le rapport final de la rencontre de plaidoyer en faveur de la filière anacarde organisée par le CIAB le 24 mars 2016, notamment la recommandation « Le Ministère en charge du commerce doit mettre en place un système d’agrément pour mieux suivre le flux d’exportation » ;
  • L’état des lieux de la filière anacarde fait par le CIAB en 2014 ;
  • La lettre N°0308/2017/CIA-B du 02/08/2017 adressée à Monsieur le Ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat ;
  • L’accord interprofessionnel du Comité Interprofessionnel Anacarde N°1/2018 relatif à la fixation des conditions d’obtentions d’agrément pour l’achat et l’exportation de la noix brute de cajou et aux prélèvements sur les exportations de la noix au Burkina Faso.

Le processus de mise en place de l’agrément a commencé avec l’élaboration d’une note conceptuelle partagée avec les acteurs en vue de recueillir leurs observations. Par la suite, la lettre N°2020-245/MCIA/SG/CBA du 16 décembre 2020, a été transmise au CIAB lui demandant de désigner quatre (04) représentants des acteurs en raison d’un par faitière pour prendre part au groupe de travail mise en place à cet effet.

Par la même occasion, les acteurs ont été invités à la réunion de cadrage des membres du groupe de travail tenue le 21 décembre 2020 à Ouagadougou. Cette lettre n’a pas reçu de suite, et le Comité Interprofessionnel de l’Anacarde du Burkina (CIAB) n’a ni désigné ses représentants ni participé à la rencontre de cadrage dudit groupe de travail.

De même, par lettre N°21-005/MCIA/SG/DGC/DPDPL/Km du 08 janvier 2021, l’Union Nationale des Commerçants et Exportateurs d’Anacarde du Burkina (UNCEA) a été invitée en qualité de membre aux travaux du groupe restreint tenus du 11 au 15 janvier 2021 à Koudougou, sans y prendre part.

Toutefois, le CIAB a fait parvenir au Directeur Général du Commerce, la lettre N° 01 – 2021/CIA-B du 11 janvier 2021, en réponse à sa lettre du 08 janvier 2021 susmentionnée justifiant le refus des acteurs de prendre part aux travaux du groupe. Ils soulignent comme motif que le maillon commercialisation « trouve qu’il n’est pas bénéfique, à l’étape actuelle de l’organisation de la filière, d’instaurer un système d’agrément ».

Ce qui est étonnant, c’est que l’activité portant sur la mise en place d’un système d’agrément a été inscrite dans le programme d’activités 2021 du CBA. Et en tant que membres du Conseil d’Administration, les quatre représentants de l’interprofession et des maillons n’ont jamais remis en cause l’exécution de ladite activité. Les différents procès-verbaux en témoignent qu’aucune mise en cause ou un rejet du processus sur les agréments n’a été mentionné nulle part. C’est pourquoi l’activité a été engagée et sa mise en œuvre se poursuit.

C’est donc assez surprenant que Messieurs Ibrahim SANFO et Félix HIEMA, Administrateurs représentant respectivement UNCEA-BF et ANTA-BF dans le Conseil d’Administration du CBA fassent partie des animateurs de la conférence de presse récriminatoire à l’encontre du Conseil Burkinabè de l’Anacarde.

Toutefois, le CBA reste disponible à toute démarche constructive avec l’ensemble des parties prenantes en l’occurrence les acteurs directs pour un véritable développement de la filière anacarde afin d’empêcher que le Burkina Faso soit le maillon faible de l’organisation des marchés de la sous-région ouest africaine.

En rappel, l’objectif global poursuivi à travers la mise en place d’un système d’agrément, est de contribuer durablement à organiser le marché national de commercialisation de la noix brute de cajou. Il s’agira spécifiquement de :

–  lutter contre l’intervention des acteurs opportunistes non répertoriés dans la commercialisation ;

–  éradiquer les achats bord-champ qui ne favorisent pas une rémunération appropriée des producteurs ;

–  favoriser la contractualisation dans les transactions avec les producteurs ;

–  garantir le respect de prix rémunérateurs pour les producteurs ;

–  assurer une bonne organisation du marché ;

–  professionnaliser les acteurs du circuit de commercialisation ;

–  garantir la disponibilité de la noix brute pour les transformateurs burkinabè, etc.

Fait à Bobo Dioulasso,

LE DIRECTEUR GENERAL DU CONSEIL BURKINABE DE L’ANACARDE

Joseph ZERBO

Chevalier de l’ordre du mérite

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