Présidentielle 2020 en Côte d’Ivoire : Une pléthore de candidats qui prépare des lendemains d’incertitudes
En Côte d’Ivoire, c’est la course au fauteuil présidentielle du 31 octobre 2020. La commission électorale indépendante à l’occasion a reçu 45 candidatures. Un défi lancé a le Conseil constitutionnel qui sera dans l’obligation de rejeter sans doute plusieurs d’entre elles.
Sur la liste des candidats, figurent Alassane Dramane Ouattara, 78 ans, Henri Konan Bédié 86 ans, Laurent Gbagbo 75 ans, Guillaume Soro, 48 ans et d’autres candidats méconnus de la scène politique ivoirienne. Aussi, des candidatures ont même été déposées par des citoyens tout en ayant conscience que la Conseil constitutionnel les invalidera à coup sûr. Il y a par exemple cette candidature de l’ancien préfet d’Abidjan, homme estimé par un groupe de jeunes qui est allé déposer sa candidature pour exprimer leur volonté de changement disent-ils.
Dix ans après la dernière crise post-électorale, la crainte de violences est forte à l’approche du scrutin du 31 octobre prochain en Côte d’Ivoire. Tout semble se dessiner depuis août 2020. L’annonce du président Alassane Dramane Ouattara, le 6 août 2020 dernier, de briguer un troisième mandat (motif avancé, le décès de son premier ministre, Adama Gon Coulibaly et l’insuffisance du temps pour en désigner un autre) a provoqué d’incessantes manifestations qui ont dégénéré en violences et occasionné une douzaine de mort en août 2020. La commission chargée de recueillir les candidatures a reçu 45 candidatures pour la présidentielle à venir.
Les deux poids lourds, l’ancien président Laurent Gbagbo et l’ex président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, tous les deux radiés il y’a quelques semaines de cela de la liste des électeurs par la commission électorale indépendante ont vu leur candidature déposée par des partisans dans la soirée du 31 août 2020. Cependant lesdites candidatures ont été rejetées, alors que leurs soutiens, s’étaient réunis en nombre à proximité du siège de la commission électorale malgré l’interdiction de rassemblements sur la voie publique décrétée et qui court jusqu’à la mi-septembre. Comme justication du rejet de la candidature de Gbagbo, la CEI avance le condamnation par contumace pour 20 ans d’emprisonnement par la justice ivoirienne dans l’affaire « casse BECEAO ».
Henri Konan Bédié, lui dans une lettre adressée à l’Elysée, interpelle le président Français, Emmanuel Macron à réagir sur la situation politique en Côte d’Ivoire. Désormais opposant principal, du parti présidentiel le RHDP révèle avoir saisi Emmanuel Macron pour que ce dernier se prononce. L’homme âgé de 86 ans estime qu’il jouit de toutes ses facultés pour diriger la Côte d’Ivoire de nouveau.
Selon Dago Pierre Godé, agrégé de sciences politiques, deux camps politiques s’opposeraient en Côte d’Ivoire, celui des conservateurs et des modernes. « On comprend aisément que même l’opposition en Côte d’Ivoire ne souhaite pas le changement. Sinon comment comprendre qu’alors que les Ivoriens aspirent à la paix, des militants des partis politiques encouragent leurs leaders à s’accaparer du pouvoir. Tout ne tourne pas autour de Gbagbo, Bédié, et Ouattara. Je me rappelle, lui-même Henri Konan Bédié, avait dit qu’on ne dirige pas la Côte d’Ivoire à 80 ans. Aujourd’hui, il en a 86 et part quand même déposer sa candidature. On ne peut non plus annoncer qu’on ne sera pas candidat, et revenir sur sa décision quelques semaines plus tard. Dans quel pays sommes-nous ? » déclare le politologue lors d’un entretien.
Le 29 août 2020, Richard Dakoury, l’ex-président de la Galaxie patriotique, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux dénonce l’attitude de Georges Ouegnin, et ses camarades qui ont déposé la candidature de Gbagbo. Ces contextes rendent la situation politique en Côte d’Ivoire tendue. Une telle situation politique inscrit la Côte d’Ivoire dans un cycle perplexe où la question qui sera conduit au fauteuil au soir du 31 octobre n’est plus aussi pertinente que celle de se demander si la personne pourra gouverner.
Mathilde Zoungrana
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