Rwanda vs Burkina : Le linge propre se porte en famille

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Quelle est donc la différence entre le Rwanda et le Burkina? Qu’est-ce qui fait que ce pays qui se serait inspiré du leg de Thomas Sankara est cité autant en exemple? Un questionnement qui a taraudé mon intérêt journalistique et « patriote » durant tout mon récent séjour en terre rwandaise.
Le résultat de ma quête de réponses se résume en une phrase que m’a dite un jardinier particulier. Je l’ai rencontré au hasard d’une pérégrination entre les mille collines de la capitale Kigali. Après les salamalecs d’usage, je risque une boutade pour lancer la conversation : « votre ville est vraiment propre mais c’est parce que quelqu’un (Kagamé) vous force à la nettoyer « .
Il sourit et grave à jamais ce témoignage dans ma tête :  » En fait, la seule chose que Kagamé a compris est que tu peux ramasser tous les habits de la population tous les week-ends pour laver au pressing pour eux. Mais tant que tu ne feras pas comprendre à la population l’avantage de porter un habit propre et leur inculquer l’amour de porter des habits propres, rien ne va changer. »
Faisons court, le linge propre se porte en famille. C’est la clé!
Et à mon humble avis, le succès du Rwanda se repose sur cette philosophie surmontée de deux choses :

              1. Une histoire

Le sang versé au cours du génocide a cimenté (même si je ne suis pas sûr que ce soit du béton) une cohésion sociale qui permet à une bonne partie des Rwandais de ne se sentir que Rwandais. Pas Hutu. Pas Tutsi… De cette page noire est également née une soif de lumière. Vous ne comprenez pas? Bon, pour faire simple, si vous peignez un tableau du Rwanda devant un citoyen, son premier réflexe est de grossir les traits positifs. Et non d’accuser un régime ou un groupe d’être à la base des points noirs… A la question, « de quelle ethnie es-tu ? » Certains sont même formatés à répondre « Je suis Rwandais ».
Leur programme d’éducation civique Iterero n’est pas étranger à cette culture.

 2. Une vision pour ne pas dire un homme

La discipline est la règle apparente dans ce pays au point de laisser deviner une autorité qui frise la « dictature éclairée » d’un homme, Paul Kagamé. De la conduite en état d’ivresse (150 euros d’amende et 5 jours de prison ferme) au soupçon de corruption (qu’il soit l’un des 18 ministres ou fonctionnaire, l’interessé relevé de ses fonctions jusqu’à ce qu’il soit blanchi), tolérance zéro est affichée pour les écarts de conduite. Et même aux critiques acerbes. Les opposants rwandais sont biens payés pour le savoir.
Derrière tout ça se cache une laisse quasi invisible recouverte d’un lourd vernis de communication pointue.
Bien sûr tout ceci n’est qu’une conclusion de ma courte expérience rwandaise.

Maintenant question depuis Gounghin à Ouaga : Quelle est notre vision du Burkina de demain?
Que faire d’une Nation où les citoyens sont prêts à se battre pour ne pas porter le casque mais mettent systématiquement des « incassables » aux écrans de leurs téléphones?
Que faire d’un Etat où les autorités rassurent que les FDS sont toujours à pied d’œuvre… « afin que des informations justes soient portées à la connaissance de la population » sur les exactions d’adolescents de 12-14 ans qui tuent plus d’une centaine de personnes?
Je vous écoute.

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