Bastonnade de civils : Quand la braguette du treillis prend le pas sur la gâchette !

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Le Fespaco avant l’heure ! Genre : action.

Synopsis : Pô ; le 10 octobre au soir. Pompiste dans une station d’essence, une jeune dame est accostée par un militaire. Malgré son refus, le prétendant redouble d’effort et la suit jusque devant la boutique de son mari. Le soldat est alors averti par l’un des frères du mari de la dame que le terrain sur lequel il veut faire ses avances est «miné». Il ignore cet avertissement dont il aurait dit qu’il «s’en fout». Mal lui en a pris car il se retrouvera projeté au sol par le civil. Seul devant le groupe qui s’est formé avec des badauds, il aurait fait usage de son arme à feu pour se frayer un chemin et battre en retraite. Sa riposte est groupée. Une poignée de ses frères d’armes font une descente musclée au secteur 6 de la ville dans la nuit du 11 au 12 octobre 2021, faisant plusieurs blessés dont l’époux de la dame qui serait dans le coma et des dégâts matériels. Hommes, femmes, même des enfants ont été la cible des «militaires fouettards». La tension monte d’un cran au pied du pic du Nahouri. Révoltée, la population manifeste dans les rues demandant entre autres le départ des militaires de la ville…

On aurait tout donné pour que tout ceci ne soit que le scénario d’une fiction en lice pour l’Etalon d’or. Hélas c’est l’actualité de ce début de semaine au pays des hommes intègres : pour des histoires de fesses, des militaires bandent…des muscles contre des civils.

Et dire qu’on croyait ce temps des descentes musclées d’hommes de tenue révolu, surtout que la collaboration entre population et force de défense et de sécurité est la seule voie de victoire dans la lutte contre le terrorisme.

Des incidents dont le foyer de départ n’est nul autre que Pô, la ville berceau de la révolution dont le procès de l’assassinat de l’un de ses célèbres fils, Thomas Sankara, s’est ouvert justement cette semaine. Pô qui n’est nul autre endroit que le creuset de formation militaire de référence du Burkina avec notamment l’académie militaire. Tout un symbole.

Autre symbole, cette crise entre civils et militaires est également le baptême de feu du nouveau Chef d’état-major général des armées, Gal Gilbert Ouédraogo, qui a pris son bâton de commandement ce même mardi 12 octobre à la place de la Nation et qui n’a pas manqué dans un communiqué de «condamner fermement» (sic) promettant des mesures disciplinaires contre les fautifs. Le nouveau CEMGA qui entend «peaufiner et accélérer la mutation des Forces armées nationales en les réorganisant» devra, à n’en pas douter, ouvrir l’œil et le bon sur leur formation et leurs rapports avec les civils.

En réalité, froidement devant ces bastonnades de civils intolérables, au regard de tous les revers subis par notre armée ces derniers temps et même depuis le début des attaques qui ont fait douter plus d’un sur leur capacité à bander… les muscles, on aurait pu simplement se dire : «ouf nos militaires en (…) ont toujours sous le pantalon du treillis !»

Bien sûr en se disant qu’ils feront désormais autant preuves de virilité devant les hordes terroristes qui assaillent le territoire burkinabè de toute part. Mais c’est bien une minorité qui pousse à une telle pensée en salissant ainsi le nom et le treillis d’une majorité qui se bat vaillamment contre les groupes armés. Leurs frères d’armes au front n’ont d’ailleurs pas le temps de penser à autre chose qu’à défendre au péril de leur vie notre patrie.

Une minorité à la braguette plus alerte que la gâchette dans les rangs de notre armée à mâter rapidement avec «la dernière énergie» pour éviter que la gangrène ne se propage au sein des troupes.

C’est la triste réalité de réconfort à laquelle on est malheureusement réduit devant ce malheureux spectacle. Cependant, si réconfort il ose y avoir, il serait de courte durée car l’autre réalité est que ces militaires n’auraient jamais osé laisser leur braguette prendre le pas dans une ville en paix sur leur gâchette au combat, s’ils n’avaient pas baigné dans l’impunité généralisée et le manque d’autorité générale.

C’est bien connu, la peur du bâton sévère dissuade même le baudet le plus rétif. Encore faut-il que celui qui tient le bâton montre le bon exemple…

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