Suspension de Radio Omega : la direction indique avoir saisi le conseil d’État

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Dans un communiqué signé ce jour 15 août, la direction de Radio Omega a indiqué avoir saisi le conseil d’État pour donner suite à sa protestation contre la suspension de Omega Médias. Pour la direction du groupe Omega, le gouvernement a outrepassé ses compétences en décidant de la suspension de la Radio, lesquelles prérogatives relèvent en principe du conseil supérieur de la communication (CSC). L’intégralité du communiqué à suivre.

La direction de Oméga médias informe l’opinion que le journaliste et rédacteur en chef Abdoul Fhatave Tiemtoré, auteur de l’interview du conseiller du Président nigérien Mohamed Bazoum qui a valu la suspension des antennes de la radio (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso), a fait l’objet d’une convocation à la sûreté de l’Etat le vendredi 11 août. Les faits :

– Dans l’après-midi du jeudi 10 août, deux éléments de la police nationale, dont l’un se nomme Ousmane Ouédraogo, sont venus en tenue civile dans les locaux de Oméga pour convoquer verbalement le journaliste Tiemtoré à la direction de la sûreté de l’Etat « pour affaire le concernant ». « Il n’y a pas de délai mais le plus tôt serait le mieux », ont-ils fait savoir. Cela s’est déroulé avant la publication du communiqué du gouvernement sur la suspension de la radio ;

– Dans la soirée, autour de 19h40, après le communiqué du porte-parole du gouvernement et journaliste de profession Jean-Emmanuel Ouédraogo suspendant la radio, nous avons reçu un appel téléphonique de la part du secrétaire général du Ministère de la communication Fidèle Tamini nous demandant de couper l’antenne ;

– Le lendemain vendredi, aux environs de 10h15, le policier Ousmane Ouédraogo et un autre du nom de Cheick Ouattara se sont présentés à Oméga avec une convocation écrite et l’intention d’amener par leurs propres soins le journaliste. Ce dernier leur a proposé de les suivre avec son Directeur des rédactions. « Je ne suis pas venu plus tôt parce qu’après la suspension de la radio, nous avons eu beaucoup à faire, mais je m’apprêtais à vous rejoindre. Donc je peux vous suivre avec mon Directeur des rédactions », a expliqué le journaliste ;

  • Tous les quatre ont pris l’ascenseur ensemble et se sont suivis par la suite à la direction générale de la sûreté de l’Etat sise dans l’enceinte de l’ancienne direction générale de la police, avenue de l’Indépendance ;
  • Une fois sur place, les deux collaborateurs de Oméga seront séparés, puisque Abdoul Fhatave Tiemtoré sera reçu seul pour être interrogé par deux hommes, pendant que son directeur attendait dans un autre bureau ;
  • L’audition a débuté autour de 11h30 sous la conduite du lieutenant de police Cheick Ouattara. Elle a duré une heure environ ;
  • Les questions portaient sur la manière dont le journaliste a connu l’homme politique nigérien, comment il est entré en contact avec lui, s’il sait où se trouve l’intéressé, pourquoi l’avoir interviewé, etc ;
  • Le journaliste a donné des réponses à toutes les questions, expliquant que les règles du métier de journalisme qui lui ont été enseignées à l’école exigent qu’en cas de conflit, la parole soit donnée aux différentes parties équitablement. Après avoir interviewé une partie qui soutenait le coup d’Etat au Niger, il était de son devoir de donner la parole à la partie adverse qui milite pour la restauration du Président Mohamed Bazoum ;
  • Un procès verbal de l’audition a été dressé ;
  • Avant sa signature, le policier Cheick Ouattara a dit avoir rendu compte à la hiérarchie et qu’il attendait son retour pour permettre ou non au journaliste de quitter les lieux ;
  • L’attente a duré près de 5 heures de temps. Pendant ce temps, nos deux collaborateurs étaient dans un bureau puis dans la cour de la sûreté ;
  • C’est aux environs de 16h50, que le policier Cheick Ouattara dira au journaliste qu’il pouvait repartir, sans faire mention du Procès-verbal, qui n’a finalement pas été signé ;

Visiblement, les policiers et la hiérarchie avec laquelle ils parlaient se sont rendus compte qu’il s’agissait d’un dossier creux. Le gouvernement a juste saisi l’occasion de cette interview pour faire taire notre radio dont le professionnalisme et la liberté de ton semblent déranger.

La direction de Oméga Médias réitère sa vive protestation contre la décision injuste du Gouvernement de suspendre sans fondement les programmes de sa radio. En plus, au regard des textes, le Gouvernement n’a pas le droit de suspendre une radio. Cette prérogative relève du Conseil Supérieur de la Communication (CSC).

Par ailleurs, nous dénonçons la convocation et l’audition de notre journaliste, alors que la dépénalisation des délits de presse est consacrée par une loi votée depuis 2015 dans notre pays.

A ceux qui veulent mettre en doute le professionnalisme de notre radio, il est important de noter que le journaliste Abdoul Fhatave Tiemtoré qui a réalisé l’interview a été bien formé dans une école de journalisme où il est même sorti major de sa promotion.

La direction de Oméga lui renouvelle sa confiance pour avoir fait convenablement son travail selon les règles de déontologie du métier et conformément à la ligne éditoriale de notre média.

Radio Oméga est une référence dans le monde des médias. Son mérite est reconnu par tous au Burkina Faso et à l’extérieur. C’est d’ailleurs une bonne école où sont passés de grands professionnels, patrons de médias, ou des personnalités qui occupent actuellement de hautes fonctions de l’Etat.

Comme elle l’avait annoncé dans son premier communiqué, Oméga Médias a saisi le Conseil d’Etat en vue d’user de tous ses droits de recours face à cette décision inacceptable.

La direction

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