Sahel : de nombreux enfants recrutés par des groupes armés au Mali, au Burkina Faso et au Niger

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Le Groupe d’Etudes et de Recherche sur les Migrations a rendu public ce jeudi 20 octobre un rapport d’étude dans les trois zones du Sahel comme le Mali, le Burkina et le Niger entre la période du 4 mai au 28 juin 2021. Commandé par l’ONG Save Children ce rapport a permis d’aboutir à la conclusion que de nombreux enfants recrutés par des groupes armés non étatique sont impliqué pour de nombreuses raisons dans les conflits armés.

Les enfants vivant dans les zones de conflit dans la région du Sahel central à travers le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont confrontés à un plus grand risque de recrutement illégal par des groupes armés non étatiques qui cherchent à attirer les jeunes après la fermeture de milliers d’écoles au cours des deux dernières années en raison de la violence croissante et de la COVID-19.

Des entretiens menés dans 23 localités avec des jeunes anciennement impliqués dans des groupes armés, des autorités locales et d’autres décideurs ont révélé que certains enfants étaient recrutés de force dans les conflits, d’autres étaient poussés par la pauvreté, tandis que d’autres encore ressentaient le besoin de remplir un devoir religieux ou d’assurer leur sécurité et leur protection. Mais certains ont été attirés par les promesses de rémunération, de téléphones ou de motos faites par des groupes armés non étatiques.

Certains enfants âgés de sept ans seulement ont été recrutés illégalement pour recueillir des renseignements sur les communautés locales pour les groupes armés non étatiques.

« J’ai passé plus de 4 ans dans un groupe armé. J’ai connu ce groupe en allant écouter leurs prêches (…) Le fait de rester sans rien faire m’a poussé ainsi que d’autres jeunes à trouver une occupation et la seule disponible était de rejoindre un groupe, voilà pourquoi j’ai rejoint ce groupe (…) Au moment du recrutement, ce qui était important était d’avoir des gens motivés, des gens prêts à les suivre, …  Il faut se dire que les candidats recherchés sont des enfants âgés de 15 à 25 ans »a confié un jeune burkinabè de 21 ans qui a rejoint un groupe armé opérant au Burkina Faso pendant son enfance. Son voisin du Niger âgé de 22 ans a rejoint un groupe armé pendant près de 3 ans après en avoir entendu parler par des amis. Motivé par le djihad, l’argent et l’emploi ce jeune à braver les risques de mort pour une « nouvelle vie remplie d’opportunité ».

« Des sanctions ont été imposées aux enfants pour des erreurs. Ils sont punis en cas de trahison ou s’ils font la moindre erreur. Les sanctions sont différentes en fonction de la nature de la faute. Si tu n’as pas fait beaucoup de fautes, on te prive de nourriture, on t’enferme dans un endroit où tu ne sais pas où tu es. On peut même être tué. »

Selon Eric Hazard, directeur des politiques panafricaines pour Save the Children, « La violence, la pauvreté et l’insécurité menacent la sécurité de millions d’enfants au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Les enfants de la région sont confrontés à une grave crise de protection et doivent avoir accès à l’éducation… »

Save the Children appelle les gouvernements de la région du Sahel central et la communauté internationale à s’engager à financer l’éducation dans les situations d’urgence, et à protéger les enfants contre toutes formes de recrutement.

Frédéric Nikiéma

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