Trentenaire des Editions Le pays : un parcours périlleux mais victorieux, selon Dabadi Zoumbara, rédacteur en chef du journal
Créé le 3 octobre 1991, les éditions Le Pays célèbre ses trente ans d’existences. Plusieurs activités ont marqué la célébration de ce trentenaire. Dans un entretien accordé à filinfos.net en matinée du samedi 2 octobre 2021, Dabadi Zoumbara, rédacteur en chef des Editions Le Pays, par ailleurs président du comité d’organisation du trentenaire revient sur le parcours de ce journal et annonce les perspectives.
Une célébration du trentenaire des Editions Le pays, qu’est-ce qui est au programme de ces festivités ?
Pour ce trentenaire, nous avons plusieurs activités. Nous avons d’abord eu une journée porte ouverte ; le 1er octobre au siège du journal Le pays. L’objectif était de permettre aux citoyens de mieux découvrir le journal, ces travailleurs etc. Nous avons également eu un jeu radiophonique qui s’est déroulé du 30 septembre au premier octobre. Nous avons également ce matin un match de football qui oppose l’équipe des Editions Le pays à celle de l’Association des journalistes sportifs du Burkina et nous aurons dans cette même matinée encore, une remise de don de vivres aux personnes déplacées internes de Pazani. Pour clôturer, nous aurons la soirée gala qui sera marquée par la prestations d’artistes, remises de d’attestions, des discours, coupures du gâteau.
Quels sont vos impressions à ce trentenaire ?
Trente ans, ce n’est pas trente jours ni trente mois. C’est un long parcours surtout que le journal a été créé le 3 octobre 1991. C’est une époque où le Burkina Faso a entamé un processus de démocratisation. Même si le paysage médiatique à l’époque n’était pas si important, la création des Editions Le Pays avec un certain nombre de journaux a renforcé le paysage médiatique au niveau du Burkina Faso. La période était quand même assez difficile, parce qu’il ne faut pas oublier qu’on était dans une période où la ligne éditoriale du journal était assez critique. Chose qui n’était pas les mieux partagée par les maîtres de l’époque. Ce n’était pas évident que le journal puisse survivre mais grâce à la ténacité, au sens de l’organisation du fondateur et au professionnalisme, il a réussi à faire vivre le journal pendant trente ans et aujourd’hui on peut être fier du parcours de Monsieur Boureima Jérémie Sigué. Sans se jeter des fleurs, on peut dire que Le Pays fait la fierté du Burkina parce que sa notoriété dépasse largement la frontière du Burkina Faso. Pourtant au départ, il y en a qui estimait que le journal ne pouvait pas vivre plus de 3 à 6 mois, maximum. C’est le lieu pour nous de rendre un hommage à Monsieur Sigué et de lui témoigner notre fierté, surtout de l’encourager à aller de l’avant. Nous en tant qu’animateur de ce journal, nous sommes plus que déterminés à maintenir le cap.
En trente année d’existence, quel est l’acte fort que vous retenez de ce journal ?
Ce qui nous a frappé et qui a d’ailleurs marqué l’ensemble de la presse, c’est l’assassinat de Norbert Zongo. Parce que ce qui a été réservé à Norbert Zongo comme sort aurait pu arriver à n’importe quel journaliste de l’époque qui était assez critique. Ce n’est pas pour rien que j’avais dit qu’à la création du journal, certains ne donnaient pas trois mois tout au plus six mois au journal. Pour dire que beaucoup ne croyaient pas que Monsieur Sigué allait tenir pendant six mois. Il y a également les arrestations qu’il y a eu à l’époque. Il faut reconnaitre qu’à l’époque, ce n’était pas facile. Pour un Oui ou un non, vous êtes convoqué à la gendarmerie ou à la police pour vous expliquer par rapport au contenu d’un article. Donc, ce sont des évènements qu’on a quand même vécus. A l’époque Le pays était qualifié par certains de journal d’opposition. C’est un journal qui défend le faible, et qui défend la vérité. Ce sont des valeurs qui ne sont partagées par tous les citoyens. Il n’y a pas seulement que des problèmes. Il y a aussi les prix que nous avons remporté durant les 30 ans. Je ne vais pas tous les citer. En 2018, nous avons remporté le super galian. Bien avant cela nous avons remporté plusieurs prix. Et nous avons encore remporté cette année le prix de l’employer modèle en presse privé écrite. Donc, c’est extrêmement important.
Comment le Journal Le pays évolue avec l’explosion du numérique ?
Non ! mais c’est un plus. Le numérique permet d’aller plus vite de gagner en temps et en qualité, en fiabilité, parce qu’il y a beaucoup de sources qu’on peut explorer. Contrairement au temps passé ou le travail était plus fastidieux.
Le numérique a sans doute entraîné une expansion assez remarquable des organes de presse, surtout la presse en ligne, est-ce que cela n’empiète pas sur vos revenues ?
Oui, c’est vrai qu’aujourd’hui nous assistons à une éclosion des médias en ligne. C’est une bonne chose. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que parmi nos produits, nous avons un journal en ligne Actu Burkina. Il ne faut pas ignorer également qu’on ne joue pas sur le même terrain. Parce que le journal support papier est différent du numérique. Si vous prenez un pays comme le Burkina, les annonceurs sont beaucoup plus poussés vers les journaux qui y font j’allais dire l’information en papier. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est la qualité du travail, si le travail que vous faites est excellent, les gens viendront vers vous. A ce niveau, nous n’avons pas d’inquiétudes par rapport à cela, nous nous sommes engagés à vraiment offrir aux peuples burkinabè, aux lecteurs des produits de qualité et de ce point de vue que ce soit les réseaux sociaux ou le numérique de façon général, nous ne voyons pas une quelconque difficultés qui pourrait nous mettre dans une situation difficile. Au contraire, c’est une question d’adaptation. Comme je l’ai dit, c’est le travail qui fait la différence.
Des perspectives?
En perspective, c’est toujours maintenir le cap et renforcer surtout ce que nous faisons. Faire en sorte que le public soit de plus en plus satisfait de ce que nous produisons. C’est aussi travailler à maintenir la ligne éditoriale du journal. Nous voulons continuer à défendre notre ligne éditoriale parce que c’est ça qui fait aussi notre fierté et notre notoriété. Pour terminer, c’est rendre encore un hommage à Jérémie Sigué, fondateur du journal car Le Pays est une véritable école de formation j’allais dire sur le plan professionnel mais de la vie. Le sens du professionnalisme, la rigueur etc. font que quand on fait un passage aux éditions Le Pays, on est fier. Si vous regardez un peu dans plusieurs rédactions, vous verrez que la plupart de ceux qui animent les journaux et qui sont mieux positionnés sont passés par l’école de Sigué. Nous sommes fiers et nous ne pouvons que souhaiter qu’ils puissent fêtez d’autres anniversaires.
Emmanuel Gouba
Derniers articles par: Emmanuel Gouba (voir tous)
- Burkina-Faits divers 2021 : Yako s’est bien illustrée - mercredi le 5 janvier 2022
- Cinéma : le réalisateur Michel Zongo fait un zoom sur un planteur de baobabs dans le Solenzo - mardi le 28 décembre 2021
- Burkina : plus de 900 personnes décédées entre janvier et novembre 2021 (DG ONASER) - lundi le 27 décembre 2021