Procès de présumés terroristes : » le Burkina a rempli une part de ses engagements internationaux » Atiana Serge Oulon, journaliste- écrivain
Ouvert le lundi 9 août 2021, la première session de jugement de la chambre correctionnelle spécialisée du pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme s’est refermée le vendredi 13 juillet 2021. Sur dix dossiers inscrits, ont été ouverts et 8 ont été jugés. Une première dans l’histoire du Burkina Faso. Dans un entretien accordé à filinfos.net, Atiana Serge Oulon, journaliste-écrivain, auteur du livre » Comprendre les attaques armées au Burkina Faso. Profils et itinéraires de terroristes que spécialiste ? » s’est prononcé sur les enjeux de ce procès.
Le Burkina Faso vient de boucler la première session d’un jugement de présumés terroristes. Quels sont vos premiers mots à chaud?
La tenue de cette session est l’aboutissement de la procédure judiciaire enclenchée depuis la phase d’arrestation marquée par l’enquête de la police judiciaire puis l’instruction. Cette session est aussi le résultat des reformes opérées par le gouvernement pour permettre la tenue de ces procès en phase correctionnelle. C’est déjà bon que la centaine de personnes en détention à la Prison de haute sécurité soit fixée sur leur sort même si ce sont moins dix qui ont pu être jugés. L’État de droit s’affirme avec cette session et on devrait assister à d’autres procès dans les mois à venir.
Un seul relaxé dans ce jugement et plusieurs condamnés de peine allant de 10 à 21 ans d’emprisonnement, est ce que ce jugement vous satisfait ?
Celui qui a été relaxé est certainement satisfait. Mais la satisfaction ne se mesure pas au nombre d’accusés relaxés. Il faut plutôt se demander si sur l’ensemble de la procédure les règles ont été respectées. Ceux qui ont été jugés et condamnés le méritent ils vraiment ? Celui qui a été relaxé le mérite t il? L’examen de toute la procédure permet d’avoir une juste et objective appréciation. Sinon dans la forme on ne peut que constater qu’il y a eu des jugements avec des condamnés et un relaxé.
Quels peuvent être les enjeux de ce jugement ?
Le Burkina a rempli une part de ses engagements internationaux puisque le pays était interpelé sur la non tenue de procès sur les personnes en détention alors que certaines y étaient depuis de longues années. Pourtant dans le cadre des droits de l’Homme, le droit à un procès dans un délai raisonnable est reconnu.
Il faudrait certainement revoir le niveau d’alerte puisque la tenue de ces procès peut être source d’attaques terroristes en représailles.
L’appareil judiciaire va certainement tirer leçon pour améliorer davantage son fonctionnement pour plus d’efficacité et de célérité dans le traitement des dossiers.
Est-ce que vous avez pu noter des manquements en terme de procédures judiciaires?
A vue d’œil et de ce qui a été donné de constater, les règles d’un procès équitable ont été respectées. Les accusés ont eu droit à la parole, des interprètes étaient là pour traduire dans leur langue.
La peine capitale ayant été abolie, est ce que la sentence prononcée à l’endroit de ceux qui ont été reconnus coupables est proportionnelle à leur forfaiture ?
Les peines ont été prononcées conformément au code pénal. Presque tous les condamnés ont écopé de la peine maximale selon les textes prévus par le code pénal.
Emmanuel Gouba
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