RD Congo : près de 11 000 cas de victimes de viols recensés pour l’année 2020 (Médecin sans frontières)

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Près de 11 000 dossiers liés aux viols ont été recensés en République démocratique du Congo (RDC) pour l’année 2020, dans une récente analyse de données de Médecins sans frontières. Ces cas de viol concernent pour la plupart les régions en proie aux conflits armés notamment en Ituri, Sud-Kivu, Kasaï central, Haut-Katanga, etc. Selon cette analyse, la quasi-totalité des victimes manquent d’assistance sanitaire.

98% des victimes prises en charge par MSF sont des femmes et 19% sont des mineures, précise le rapport qui ajoute que ces dernières rencontrent d’énormes difficultés pour bénéficier d’une prise en charge aussi à court et à long terme.

« Le problème des violences sexuelles en RDC est reconnu et dénoncé par de nombreux acteurs nationaux ou internationaux. Pourtant, les actes concrets peinent à venir, que ce soit en termes de prévention ou de protection des personnes », souligne Juliette Seguin, cheffe de mission MSF.

A en croire à Médecins sans frontières, cette augmentation de cas de viols est due aux conflits armés car les deux tiers des victimes soit 67% disent être agressées par des hommes armés. La proportion d’agressions sexuelles perpétrées par des acteurs armés est passée de 60 % au cours du premier trimestre de l’année à 89 % au cours du quatrième trimestre de l’année 2020, indique MSF.

Au cours du premier semestre 2020, on estime qu’à peine une victime sur quatre en RDC a disposé d’une prise en charge médicale, 5 % d’une assistance psychosociale, 15 % d’une assistance juridique et seulement 0,5 % ont pu bénéficier d’une réinsertion socioéconomique.

« Les besoins immédiats et à long terme sont gigantesques, mais les approches et les financements qui permettraient d’y répondre font dramatiquement défaut. Là où nous intervenons, les besoins sont très loin d’être couverts », s’alarme Juliette Seguin.

Les victimes réduites au silence par peur d’être exclues de la communauté

Par peur de représailles ou d’être exclues de la communauté, la plupart des victimes préfèrent vivre leur mal en silence. « Les victimes que nous recevons arrivent un ou deux mois après l’agression. Lorsque nous leur parlons, ils nous racontent ce qui s’est passé et ce que l’agresseur leur a dit, qu’il allait les tuer s’ils parlaient », explique un membre des équipes MSF en RDC.

Et d’ajouter qu’il y a « des patientes qui ont été agressées sexuellement à plusieurs reprises. Elles nous disent qu’elles connaissent d’autres femmes qui ont été agressées, mais qui ne viennent pas à la consultation par peur d’être rejetées par leur mari. Elles souffrent donc chez elles, en silence ».

Un rejet qui s’accompagne très souvent d’un très fort impact notamment social et économique car pour la plupart du temps ces femmes manquent d’abri et dépendent du soutien de programmes qui n’arrivent jamais souvent.

Abdoul Wahab Mandé

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