Culture : quand KPG donne vie aux outils de la forge pour conter Supiim

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L’artiste conteur Kientega Penddéwindé Gérard dit KPG est en pleine création. Dans moins de deux mois, il présentera « Supiim » à l’occasion de la grande nuit du conte devant la cours du Larlé Naaba Tigré. La création se fait avec la collaboration de plusieurs artistes et valorise  la forge. 

Selon Kientega Pengdwindé Gérard dit KPG, «les gens ne connaissent pas les valeurs du forgeron et  les fondamentaux de la forge ». C’est fort de ce constat que le conteur burkinabè, issu de la caste des forgerons a lancé la création « supiim ». Une création qui traite des valeurs et des savoir-faire de la tradition. « Le projet parle de la crise que nous vivons actuellement. C’est une allégorie qui va nous permettre de retracer la crise identitaire et sécuritaire » a-t-il confié. Pour la mise en place de « Supiim », l’artiste a procédé par deux phases et attend de lancer la troisième phase de la création. « J’ai écrit pendant un an et nous avons confronté l’écriture avec les acteurs pour voir si cela répond à leur souffle » a-t-il déclaré. Passée cette étape, l’équipe de Supiim a procédé à une étape d’apprentissage et de culture générale. Cette étape selon KPG a consisté à mettre tous les acteurs au même niveau d’information. C’est dans cette optique que l’équipe du conteur a été visiter les forges et les musées pour voir quelle est « la place et le rôle du forgeron dans la société » et confronter les différents rôles à travers le monde.

La forge au centre de la création « Suppim »

De la gauche vers la droite, Farouck Abdoulaye, Bassitey, Sawani et KPG

Selon le conteur, le choix de la forge n’est pas anodin. « Nous nous sommes rendus compte que tous les éléments de la vie doivent tout au forgeron » a-t-il confié. Et pour lui-même la technologie tire son origine dans la forge. « Nous avons commencé par des charrues pour nous retrouver aujourd’hui avec des véhicules, des tracteurs et des avions » s’explique-t-il. L’artiste veut surtout interpeller l’opinion publique sur la nécessité de respecter la fonction d’autrui et de reconnaitre son rôle. Pour KPG c’est la méconnaissance du rôle de chacun et de sa place qui a provoqué la crise identitaire et sécuritaire qui mine la société actuelle. « Cela créé un déséquilibre social et il est important de retourner à nos véritables valeurs qui maintiennent l’harmonie et l’équilibre ».  

« Supiim » et ses acteurs aux différents profils

Supiim
De la gauche vers la droite, Bassitey, Ozaguin, KPG, Sawani, Farouck Abdoulaye et Maréchal Zongo

« Dans l’atelier de la forge il y a des outils et chaque outil est unique et pour être utile doit servir aux autres. La pince n’est rien sans l’enclume et l’enclume n’est rien sans le marteau. Tous les outils sont inter dépendants et c’est cela qui harmonise la forge. C’est cette allégorie que je veux utiliser pour parler de notre société » selon KPG. Cette interdépendance, KPG le montre aussi dans le choix des acteurs. Ozaguin, Maréchal Zongo, Farouck Abdoulaye, Sawani, Bassitey sont des acteurs de Supiim. Issus de d’autres pays et de divers domaines, chacun a apportera sa pierre pour l’édification de « Supiim ».  Venu de l’Afrique centrale, précisément de la Centrafrique, Ozaguin ne cache pas sa joie de participer à ce projet. « C’est une nouvelle expérience et je n’ai jamais participé à une création de conte » a-t-il confié. Pour l’artiste chanteur, cette collaboration lui apprend beaucoup et pourrait l’inspirer dans sa musique. Comédien scénographe béninois, Farouk Abdoulaye participe également à la création. « On m’appelé en tant que scénographe pour contribuer à la construction de l’espace dans lequel va s’exercer ce spectacle » a-t-il déclaré. Pour lui l’arbre à palabre sous lequel on faisait des contes a été envahi par des immeubles et cette création contribue à reconstituer l’héritage oral de l’Afrique.

Supiim
Sawani (gauche) et Farouck Abdoulaye (droite)

Venu de la Guyane, Sawani est aussi l’une des pièces maitresses de « Supiim ». Pour lui le conte en Afrique et en Guyane rencontre des difficultés et le défi des conteurs est de s’adapter aux nouvelles technologies. Selon lui, le conte n’est pas fini et KPG le montre bien. « Je suis comédien de formation mais je suis plus sur le terrain de l’humour. La rencontre entre l’humour et le conte ça m’apportes beaucoup. C’est cette diversité qui donne la force à la création et à l’art dans son ensemble » conclut Maréchal Zongo. Issa Maiga dit Bassitey collabore aussi sur la création « Supiim ». Rappeur, régisseur et technicien de scène, le Burkinabè n’est pas à sa  première collaboration avec KPG. Dans la création « Kossyam » du conteur burkinabè en 2017, Bassitey était au premier plan. Après la première collaboration réussie, Bassitey est associé à la création « Suppim » dans laquelle il sera acteur mais fera aussi valoir ses talents de régisseur et de technicien de scène. Avec son groupe Négroides, il est également sur le front des grands festivals burkinabé Les Récréatrales, Waga Festival, Jazz à Ouaga, Sokko Festival… En Septembre 2015, Négroides sort son premier album « Lève-toi et marche ».

Supiim
Maréchal Zongo (Gauche) et Bassitey (droite)

La dernière étape de « Supiim » se passera du 23 au 26 mars dans le cade de la grande nuit du conte. Plusieurs conteurs seront invités pour l’occasion. La première diffusion du spectacle se fera devant la cour du Larlé Naaba tigré. La résidence de création du spectacle Supiim « aiguille » à eu lieu à Ouagadougou du 4 janvier au 2 février, grâce au soutien de l’institut Français de Paris. Elle sera présentée au Public lors de la grande nuit du conte qui se tiendra à Ouagadougou.

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Lino Ramdé

Journaliste
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