Drogue : « Il faut éviter la stigmatisation des personnes touchées par le fléau », estime Oskimo

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La peur d'être jugée, rejetée ou discriminée peut empêcher les personnes qui consomment des drogues de demander l'aide dont elles ont besoin, selon Oskimo

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Dans son rapport mondial 2024 sur les drogues, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) révèle que la consommation de drogues est en hausse en Afrique. Réagissant à la publication de ce rapport au micro de Filinfos, Issouf  Sawadogo alias Oskimo, promoteur de la caravane de sensibilisation sur la drogue en milieu jeune, souligne que ce nouveau rapport doit être considéré comme un appel à redoubler d’efforts dans la lutte contre ce fléau qui touche de plein fouet les jeunes générations africaines.

Selon Oskimo, ce rapport dépeint une triste réalité au regard de l’évolution de la lutte contre le fléau en Afrique. En sa qualité de figure engagée dans la lutte contre ce fléau qui gangrène la jeunesse africaine, il dit avoir malheureusement constaté une recrudescence du fléau sur le continent, notamment en République Démocratique du Congo (RDC) ou la consommation de la drogue est dix fois plus élevée qu’au Burkina Faso, a-t-il souligné.

Il explique également que c’est au regard de ce triste constat qu’il ne cesse d’élever sa voix et de poser des actions pour lutter contre ce phénomène, particulièrement au Burkina. « Des efforts sont faits, mais ce n’est pas suffisant », estime le promoteur de Oskimo tour. 

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Aujourd’hui, c’est les 11 à 25 ans qui sont plongés dans la drogue, selon promoteur de la caravane de sensibilisation sur la drogue en milieu jeune

Des causes multiples 

Pour Issouf  Sawadogo alias Oskimo, « les causes sont multiples et sont beaucoup plus structurelles avec des racines profondes ». Parce que sur le continent dit-il, « beaucoup de jeunes semblent avoir perdu l’espoir d’un lendemain meilleur » et sont confrontés au chômage, à des problèmes existentiels, financiers ainsi qu’au manque d’infrastructures et de cadres sains pour s’épanouir. « Cette situation peut ouvrir la voie à la consommation de la drogue si un jeune n’est pas encadré depuis la famille », a-t-il souligné. Toujours selon ses explications, beaucoup de jeunes sur le continent atteignent un âge où ils ont besoin d’argent pour s’acheter quelques petits trucs et pour cela il leur faut de l’argent et un job, mais il n’y en a pas. Par ailleurs, souligne-t-il, « La drogue à un certain niveau n’arrive plus à aller en Europe ou sur les côtes américaines. Donc du coup, il faut créer le marché en Afrique pour la consommation ».

Pour lui, il faut travailler à redonner espoir aux jeunes, car estime-t-il « C’est quand il n’y a pas d’espoir qu’un jeune peut être frappé par le désespoir, le découragement et il finit malheureusement par sombrer dans la consommation de la drogue »

La déscolarisation n’est pas forcément une cause 

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Le lien n’est pas automatique entre déscolarisation et consommation de la drogue, selon Oskimo. Il en veut pour preuve son propre cas, car il était lui-même un ancien consommateur, bien qu’il ne soit inscrit dans aucun établissement d’enseignement à l’époque. Mais il souligne que « Le fléau est bien présent en milieu scolaire au Burkina Faso, notamment dans les lycées et collèges du pays où se trouve la plus grande masse des jeunes ». Oskimo explique aussi que la présence du fléau en milieu scolaire est à l’origine du décrochage scolaire, car certains élèves qui se sont laissés entraînés sur ce chemin deviennent des dealers et décident de ne plus aller à l’école. 

Lutter contre la stigmatisation 

Il faut ériger des centres spécialisés dignes de ce nom, estime Oskimo. Parce qu’aujourd’hui, dit-il, « Il ne faut pas venir faire un centre à minima. Il faut faire un centre où vraiment, quand les gens rentrent, ils ont de l’espoir d’être en très bonne santé et peuvent contribuer au développement socio-économique du pays ».  

Egalement, dit-il, « Il faut lutter contre la stigmatisation des personnes qui sont confrontées au problème de la consommation de la drogue ». Quand les gens sont dans la drogue, on se dit « Oups, c’est fini ». Non, c’est faux, selon Oskimo. Pour lui, on peut être confronté au fléau à un moment de sa vie, mais avec l’accompagnement, la volonté et le courage on peut arriver à abandonner la drogue. Pour lui, ce sont des malades comme tous les autres et à ce titre, ils ont besoin d’aide, d’assistance et de soins adéquats. 

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Aller au-delà des rapports 

Pour Oskimo, il est bien de produire des rapports sur la drogue, mais il faut plus d’actions sur le terrain. Il faut communiquer beaucoup à travers des campagnes de communication. Il faut aussi sensibiliser aussi à tous les niveaux. Il faut envoyer le problème chez les coutumiers, les religieux, tout le monde, parce que nous sommes tous concernés. Les médias ont également un grand rôle à jouer dans la lutte, même s’ils peuvent mieux faire encore. Il faut arriver à faire des médias communautaires et à diversifier les langues dans la communication pour permettre aux gens de comprendre. Il regrette également « qu’il y a des sujets souvent qui passent à la télé et que les gens voudront bien intervenir, mais comme c’est en français, ils sont là, ils regardent, ils ne comprennent pas ce qu’on dit ».

Pour clore ses propos, le promoteur de la caravane de sensibilisation sur la drogue en milieu jeune Oskimo appelle la jeunesse burkinabè à ne pas tomber dans la consommation de la drogue et il invite également tous les acteurs à s’impliquer davantage dans la lutte contre ce fléau.

Joanny SAWADOGO (Stagiaire)

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