dimanche le 24 novembre 2024

Prélèvement de taxe pour l’effort de guerre : la coordination nationale de l’éducation s’oppose

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Dans une déclaration signée ce jour 28 décembre 2022, la coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) a désapprouvé l’intention du président Traoré d’instaurer une taxe de l’ordre de 1% sur les revenus des agents du public et du privé pour soutenir la lutte contre le terrorisme. Une position justifier entre autre par la vie chère et le manque de transparence dans la gestion du budget de l’armée, explique la CNSE. L’intégralité de la déclaration à suivre.

Le 9 décembre 2022, la Coordination des Syndicats de l’Education (CNSE) a été invitée à une rencontre présidée par son Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat. A cette occasion, celui-ci a donné des informations portant sur la situation sécuritaire qui prévaut dans notre pays. Par ailleurs, il indiquera qu’en réponse à cette situation, le gouvernement a décidé du recrutement de cinquante mille (50 000) Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dont la prise en charge comprenant une prime de soixante (60 000) francs/CFA par mois, leur dotation en armes, en tenues, en logistique et carburant nécessitent un budget de cent-six milliards de francs (106 000 000 000). Pour faire face aux dépenses relatives ces supplétifs civils de l’armée, le gouvernement propose un certain nombre de mesures dont le prélèvement de 1% sur les salaires des travailleurs du public et du privé. Notre Coordination a promis d’examiner afin de lui faire parvenir sa réponse ultérieurement.

Par la suite, la CNSE a informé le gouvernement qu’elle ne pouvait donner son aval pour cette opération de prélèvement de 1% sur les salaires des travailleurs dont ceux de l’éducation et de la recherche. Elle a justifié sa position par un certain nombre d’éléments dont entre autres :

l’absence d’un audit de l’armée dont le budget n’a fait que croitre ces dernières années sans que l’opinion ne soit située clairement sur le bon usage qui est fait de ces énormes ressources mises à sa disposition. Il nous revient d’ailleurs, qu’elle n’est pas toujours parvenue à épuiser lesdites ressources. En tout état de cause, nous ne sommes pas convaincus que l’incapacité à juguler la grave crise sécuritaire dans notre pays aujourd’hui relève d’une insuffisance de moyens financiers ;
les nombreux restes à recouvrer (RAR) chiffrés à plusieurs centaines de milliards qui constituent des ressources que le gouvernement devrait travailler à récupérer non seulement pour faire face à un éventuel besoin dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes mais mieux, pour des investissements dans divers secteurs de la vie de la nation ;
la vie chère s’est fortement aggravée, impactant négativement le quotidien de notre peuple et réduisant le pouvoir d’achat dont celui des travailleurs comme une peau de chagrin ;
dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes, les travailleurs, à l’instar de notre peuple, ont consenti et continuent de consentir d’énormes et divers sacrifices dont des dons à travers des opérations de contribution volontaire ;
le personnel de l’éducation et de la recherche, qui n’a que son stylo comme moyen de défense, paie déjà un lourd tribut dans cette guerre imposée à notre peuple comme nous le rappelons régulièrement. Cela se traduit par des pertes en vie humaine dont les dernières en date sont celles de cinq (5) de nos collègues le 04 décembre 2022 à Bittou, des traumatismes physique et psychologique inimaginables, une forte dégradation des conditions de travail. A ce jour et ce dans toutes les régions du pays, le respect des normes des effectifs dans les classes n’est plus posé par le personnel du fait de l’accueil d’élèves déplacés internes qui ont fait tripler les effectifs dans de nombreux établissements. Dans le même registre, nous assistons au retour à des classes sous abris précaires. Pendant au moins deux années de suite, les personnels de l’éducation ainsi que les élèves ont été engagés dans des opérations de souscription de fonds en soutien aux Forces de défense et de sécurité. Aucun bilan ne leur a été fait de l’utilisation de ces millions collectés;

le principe de base des organisations syndicales est la défense des intérêts matériels et moraux de leurs militants et des travailleurs. Elles ne peuvent alors s’inscrire dans une logique d’appui à un patronat, fut-il le gouvernement, visant une opération synonyme de « diminution » de salaire.
En tout état de cause, elle a souligné qu’il convient de sortir de cette posture donnant l’impression que les travailleurs ne consentent pas de sacrifices pour aider à la lutte contre cette guerre dans laquelle des individus aux intérêts diamétralement opposés à ceux de notre peuple l’ont plongé aujourd’hui. En outre, la CNSE est convaincue qu’il existe d’autres niches où le gouvernement peut aller prendre des ressources dans le contexte actuel plutôt que d’alourdir la situation déjà précaire dans laquelle les travailleurs se trouvent. Nous osons espérer que le principe de ce prélèvement était bien une proposition du gouvernement comme cela a été dit à la rencontre du 09 décembre 2022 !

Ouagadougou, le 28 décembre 2022

Pour la CNSE

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