Entrepreneuriat : Flora Ouédraogo ou la fille qui transforme l’argent en bouquets de fleurs
Les « money cakes » ou bouquets d’argent, une tendance qui prend de plus en plus d’ampleur au Burkina Faso. Très prisés par les Burkinabè, des billets oranges aux violets, en passant par les verts, les bleus ou encore les roses, chacun peut trouver son compte. Associés aux fleurs, ils forment une parfaite symbiose pour égayer un être cher, une chose que Flora-votre Fleuriste a bien compris. Une équipe de Filinfos.net est allée à la rencontre de Flora Ouédraogo pour comprendre davantage cette tendance.
L’ ingénieure en finance, Flora-votre Fleuriste ou Flora Ouédraogo se fait remarquer dans le métier de fleuriste à travers ses œuvres artistiques. Forte de ses quatre (04) année d’expérience dans ce domaine, elle a réussi à se créer un style particulier à travers ses créations notamment les bouquets de fleurs et les money cakes ou bouquet d’argents.
Pour Flora Ouédraogo, au-delà de sa passion pour les fleurs, il s’agit d’un don. « C’est un don parce que ça va avec mon prénom qui est « Flora ». Je me dis que tout a été réuni pour que j’exerce cette fonction », a-t-elle expliqué à Filinfos.
En plus des fleurs, Flora a l’art de manier les billets de banque à travers ses « money cakes ». Un money cake est un bouquet fait avec des billets de banque, voire une combinaison de fleurs et de billets de banques.
« Les femmes aiment beaucoup l’argent et ça fait vraiment plaisir de recevoir un bouquet avec plein de billets », Flora Ouédraogo
L’une des premières à expérimenter ce modèle au Burkina Faso, la Fleuriste dit s’être inspirée des modèles créés en France avec l’euro et aux Etats unis avec le dollar. Cette tendance, selon elle, est partie sur le fait de l’amour des femmes pour l’argent. « Les femmes aiment beaucoup l’argent et ça fait vraiment plaisir de recevoir un bouquet avec plein de billets. On oublie souvent même les fleurs. C’est dans le sens de se faire vendre, d’avoir plus de clients et de livraisons qu’on s’est permis de toucher ce petit volet de billets », dit-elle.
Le modèle des money cakes peut varier selon le nombre et le format des billets. Une dizaine de modèles est mis à la disposition des clients, des modèles pouvant contenir d’énorme somme d’argent. Ainsi, pour faire plaisir à l’être aimé, les clients n’hésitent pas à mettre la main dans la poche. « Cette histoire de bouquet en billets de banque est beaucoup prisée et beaucoup de personnes les commandent et ça fait beaucoup plaisir d’en recevoir », a-t-elle laissé entendre.
A l’en croire, elle s’en sort malgré qu’elle évolue dans un domaine qu’elle qualifie de primaire. « C’est un domaine primaire, que les gens ne connaissent pas. Les fleurs naturelles ou les bouquets de billets ne font pas partis de notre culture par rapport aux autres pays. Mais les gens sont plutôt réceptifs car donner une enveloppe d’argent fait plaisir mais pas autant que de recevoir un bouquet de billets, la réaction des clients incite les autres à faire comme eux ».
Pourtant, la Flora Ouédraogo était sceptique quant à l’intégration de ce nouveau modèle dans ses services. « Ce modèle je le voyais mais j’hésitais beaucoup à le faire vu la mentalité des Burkinabè et l’insécurité. J’essayais de voir comment concilier ou faire des choses en billets qui ne vont pas impacter. Grâce à l’incitation de mon entourage et après des réflexions on a mis les moyens et voilà », confie-t-elle.
« Tout un scénario est mis en place pour réaliser les money cakes », Flora Ouédraogo
Pour réaliser ses bouquets, Flora et son équipe mettent en place tout un scénario. En effet, vue l’insécurité, les money cakes ne se font que par des commandes soit deux jours à l’avance. « Tu ne peux te lever et venir en trouver à la boutique, ce n’est pas possible et c’est risqué. Le client doit commander deux jours à l’avance il faut préparer et chercher les billets s’ils en n’ont pas, ensuite procéder à la confection parce que c’est tout un travail qui est fait ».
Cependant, il y a la possibilité de les confectionner le même jour car dit-elle, les Burkinabè sont des gens de dernière minute. A cet effet, pour maintenir la clientèle l’équipe met quelques billets de cinq cents, de mille francs CFA à sa disposition pour les clients de dernière minute. « Il y’a des clients qui appellent et disent j’ai oublié l’anniversaire de ma femme et ces billets nous permettent de rattraper cela. Tout est organisé pour ne pas faire un truc pêle-mêle », a déclaré la fleuriste.
« Le client règle à la livraison ou quand il passe récupérer. Si le client a les billets au préalable ça nous arrange parce que c’est un peu compliqué d’en avoir ». Bien que prisés, « les money cakes ne sont réservés qu’à une certaine classe, la classe moyenne car ce n’est pas tout le monde qui peut s’en procurer ou ce n’est pas tout le monde qui a la mentalité de se procurer un bouquet de fleurs ou un bouquet d’argent ».
Après avoir intégrée les money cakes dans ses services, Flora Ouédraogo ne compte pas s’arrêter là. Elle ambitionne d’être une livreuse de fleurs naturelles entre l’Afrique et l’Europe. « Avoir un jet où je vais faire la navette pour les livraisons entre l’Afrique et l’Europe. Mais sur deux ou trois ans, avoir ma propre serre où je vais cultiver moi-même les fleurs, ouvrir plusieurs boutiques dans les quatre coins du Burkina et se déporter à l’extérieur », a-t-elle conclu.
Carine Pierrette ZONGO
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