Coupure d’internet mobile au Burkina : Le gouvernement n’a même pas honte !
Que diable a-t-on fait au bon Dieu pour tomber aussi bas ? Chaque jour qu’on dort, on se réveille au Burkina, on a un nouveau dossier à vous faire bondir votre cœur hors de votre poitrine de colère. On a touché le fond ! Et on creuse pour aller encore plus bas. Les premières pelletées sont celles données par nos dirigeants.
Jamais, de mémoire d’internaute burkinabè, une telle ignominie n’a été commise par un gouvernement burkinabè : priver le citoyen burkinabè de l’internet sur mobile pendant 4 jours.
Et ils osent l’avouer publiquement : 3 jours après avoir suspendu les services mobiles de connexion internet, le porte-parole du gouvernement, Ousséni Tamboura, a indiqué dans un communiqué que cette suspension qui s’étale sur 96 heures, est motivée par « la qualité et sécurité des réseaux et des services et respect des obligations de défense nationale et de sécurité publique ».
Et devinez quoi ? Ce communiqué a été publié dans un premier temps sur les réseaux sociaux. Toute honte bue, le gouvernement qui reconnait en d’autres termes être dépassé par la situation sécuritaire au point de priver les Burkinabè d’internet mobile, et par la même fibre principalement des réseaux sociaux, revient sur cette plateforme dont il a réduit l’accès pour reconnaitre son forfait.
Ils n’ont même pas honte !
On voit clair dans le jeu, ce sont les réseaux sociaux qui sont visés dans un contexte de tension après les drames d’Inata et de Foubé et le blocus du convoi militaire français.
Déjà que la mauvaise qualité et le coût exorbitant de la connexion internet au Burkina frisaient un scandale que les usagers toléraient, en voulant casser ainsi le thermomètre pour faire baisser la tension, l’exécutif ne fait en fait que gonfler le rang des frustrés et aigris contre le pouvoir, car Dieu seul sait le nombre de Burkinabè qui gagnent leur pain quotidien grâce à l’internet mobile.
A l’échelle, il n’y a pas grande différence entre priver ainsi ces Burkinabè de leur pain que dis-je de leurs miettes de pain du fait de la situation sanitaire et sécuritaire et priver de ration alimentaire des hommes envoyés au front à Inata. En plus, les réseaux sociaux servent en fait d’exutoire au trop plein de colère et de frustration des Burkinabè. On ne peut donc pas vouloir les calmer en les empêchant de se libérer.
Roch Kaboré et son gouvernement ne font donc que se tirer une balle dans un pied déjà boiteux. On pensait avoir tout vu !
Internet dans son ensemble est un monde plein de danger, un véritable panier à crabes de producteurs et diffuseurs de fakes news, et d’officines de manipulation de l’opinion, difficile à réguler. On le sait. Mais des mécanismes existent pour sensibiliser la population à filtrer les informations reçues et contrer les fakes news. En plus les dispositions insérées par ce même gouvernement envers et contre toute protestation dans le code pénal existent pour sanctionner les contrevenants.
Alors pourquoi ne pas avoir simplement actionné ces leviers au lieu de « verser par terre » le visage d’un pays cité en exemple pour la liberté d’expression ? A croire que la mise en garde de Thomas Sankara : « malheur à celui qui bâillonne son peuple » est tombée dans l’oreille d’un sourd endormi en plein incendie.
En effet, force est à ce groupe d’hommes et de femmes au pouvoir terrorisés par les réseaux sociaux de reconnaitre qu’ils ne peuvent rien contre toute mobilisation et contre la liberté d’expression, dussent-ils couper toute forme de communication.
D’ores et déjà, la ligue des consommateurs et d’autres organisations de la société civile annoncent des dépôts de plaintes contre l’Etat et contre les opérateurs de téléphonie mobile suite à la suspension.
Devant le tribunal de l’histoire ou celui des Hommes, les signataires de ces réquisitions de suspension de l’internet mobile répondront tôt ou tard. Et leur procès sera relayé en direct sur les réseaux sociaux.
Restez donc connectés ! La partie ne fait que commencer…
Hyacinthe Sanou
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