Qui était Thomas Sankara ?

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Né le 21 décembre 1949 à Yako, Thomas Isidore Sankara est fils d’un ancien combattant et prisonnier de guerre de la Seconde Guerre mondiale, originaire du département de Bokin (Passoré) et d’une mère Moaga. 11 ans après, en 1960 Sankara est encore à l’école primaire quand le Président Maurice Yaméogo, prononce l’accession de la haute volta à l’indépendance.

« En 1960, Thomas Sankara, a vu dans un journal le drapeau de la haute volta. Il a regroupé ses amis avec quelques petits européens et il a fait descendre le drapeau français et il a hissé celui de la haute volta. Suite à cela il y a eu une bagarre entre lui et un petit européen, un de ses camarade » confie Joseph Sankara, le père de Thomas à Archives d’Afriques.

Animé très tôt par un sentiment révolutionnaire, Thomas Sankara commence à s’imposer, dès le secondaire par ses idées. Fan du métier des armes il rejoint le Prytanée militaire du Kadiogo après son Brevet d’étude du premier cycle.

Après le renversement de Maurice Yaméogo par les syndicats et la rue qui dénonçait un régime corrompu, le général Sangoulé Lamizana remplace Maurice Yaméogo, alors que Thomas Sankara n’a que 16ans.

4ans après, après l’académie militaire de Madagascar, Thomas Sankara poursuit sa formation, gagne ses galons d’officiers et se spécialise dans les troupes aéroporté. C’est pendant un stage pratique à Rabat au Maroc qu’il fait la rencontre de Blaise Compaoré. Pendant ce temps, la haute volta en pleine guerre contre le Mali de Moussa Traoré, est en phase de se plier.

Thomas Sankara, le retour au bercail d’un « combattant »

Après une tentative de recensement dans la bande frontalière de Agacher, une zone disputée par la haute volta et le Mali, les deux pays entrent en guerre. Longue de 160 kilomètres et large de 20 kilomètres, cette zone a la réputation d’être riche en minerais.

Alors que le Mali plus armé que son adversaire, met en déroute les forces adverses, Thomas Sankara fait son entrée. Il prend la tête des troupes, galvanise son unité et lance une contre-offensive jusqu’à mettre les pieds en territoire malien. Les deux camps crient victoire.

A 20 ans, le jeune officier récolte les honneurs et les hommages du pays. En reconnaissance de cette bravoure, l’armée offre l’opportunité à Thomas Sankara de créer sa propre unité, l’Unité de Commando de Po.

Avec cette unité de renom et la cote de popularité dont il fait preuve à Po, Thomas Sankara est appelé au poste secrétaire d’État à l’Information par le colonel Saye Zerbo qui venait de renverser Sangoulé Lamizana. Pour le jeune officier, ce poste est une manière de le museler. Il rejoint tout de même le poste, qu’il utilise pour avoir de l’expérience politique. Mais très vite, il décide de rendre le tablier.

« Malheur a ceux qui bâillonnent leur peuple »

Mécontent de la suppression du droit de grève, Thomas Sankara affirme en pleine conférences des ministres africains chargés du cinéma, d’un ton ferme en pointant du doigt le Colonel Saye Zerbo  » malheur a ceux qui bâillonnent leur peuple ». Nous sommes en avril 1982. Il claque ainsi la porte au gouvernement. Une situation que le Président ne compte pas laisser passer facilement. La sanction tombe.

Thomas Sankara est mis aux arrêts et placé et détentions dans la caserne des paras commando à Dédougou. Il est aussi déchu de son grade de capitaine.
Après plusieurs marches des populations, un nouveau coup d’État porte au pouvoir le médecin militaire Jean-Baptiste Ouédraogo, le 7 novembre 1982.
Thomas Sankara est de retour dans le gouvernement en tant que Premier ministre. Il se prononce ouvertement pour la rupture du rapport « néocolonial » qui lie la Haute-Volta à la France : « Lorsque le peuple se met debout, l’impérialisme tremble ». Dans ce discours il prononce 59 fois le mot peuple.

« Notre combat principal c’est de faire en sorte qu’on se souvienne de ce peuple pas seulement 59 fois mais peut être plus » indique-t-il.

Dès lors, dans toutes les sorties de « Thom Sank » comme on l’appelait affectueusement, il n’est question que de chasser de l’administration les fonctionnaires et les militaires pourri. Dans cette lancée il va même s’attaquer au Moro Naba Baongo (qui venait de succéder a son père) en lui faisant couper l’électricité parce qu’ils n’ont pas payé depuis des années.
D’abord arrêté en mai 1983 après mainte mise en garde par le Président Jean Baptiste, Thomas ressurgit en août. Cette fois il est porté à la tête du pays à la suite d’un nouveau coup d’Etat mené par son ami intime, le capitaine Blaise Compaoré.

Agé d’à peine 33 ans, il devient président et symbolise l’Afrique des jeunes et de l’intégrité. D’allure sportive, charismatique, il bénéficie d’une indéniable popularité. Il rebaptise d’ailleurs son pays Burkina Faso, le « pays des hommes intègres ».

Il est assassiné le 15 octobre 1987, lors d’un coup d’État qui amène Blaise Compaoré au pouvoir.

Mohamed NAKANABO

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