Affaire d’achat de sous-marins australiens : la naissance d’une crise diplomatique entre la France et les Etats-Unis
Le mercredi 15 septembre 2021, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont annoncé la mise au point d’un nouveau partenariat de sécurité et de défense. Par ce nouveau partenariat, l’Australie va se doter de sous-marins nucléaires américains et au passage renonce à une commande faramineuse de sous-marins français signée en 2016 entre elle et la France.
« La première grande initiative d’Aukus sera de livrer une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie », a déclaré Scott Morrison, premier ministre australien apparaissant en visioconférence avec le Premier ministre britannique, Boris Johnson, et le président américain, Joe Biden.
Un partenariat qualifié « d’historique » selon un haut responsable de la Maison Blanche qui lie les trois pays « pour trois générations ». Et de l’avis du premier ministre britannique Boris Johnson, cet accord « reflète le degré de confiance entre nous et la profondeur de notre amitié ».
Une décision « regrettable » et « insupportable » selon Paris. Dans un communiqué conjoint, les ministres des Armées Florence Parly et son homologue des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian disent prendre acte de la décision du gouvernement australien. Précisant dans la foulée qu’une telle décision est « contraire à la lettre et à l’esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l’Australie ».
De même, Paris regrette « le choix américain qui conduit à écarter un allié et un partenaire européen comme la France d’un partenariat structurant avec l’Australie, au moment où nous devons faire face à des défis sans précédent dans la région Indopacifique (ndlr ambitions de la Chine dans la région Indopacifique) marque une absence de cohérence »
La France rappelle ses ambassadeurs pour consultations
Au lendemain de l’annonce d’un partenariat stratégique entre Washington, Londres et Canberra qui a débouché à l’annulation par l’Australie d’un contrat d’achat de sous-marins à la France, Paris a rappelé le vendredi 17 septembre 2021, ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie pour consultations.
Pour la première fois, la France rappelle ses ambassadeurs à Washington et Canberra. Une décision que le ministre français des Affaires étrangères qualifie d’« exceptionnelle » au « regard de la gravité des annonces effectuées le 15 septembre par l’Australie et les Etats-Unis ». « C’est un coup dans le dos de l’Australie et une décision brutale du président américain Joe Biden », s’indigne Jean-Yves Le Drian.
Jean-Yves Le Drian va jusqu’à évoquer une « rupture majeure de confiance » et de «mépris » entre eux.
En réaction, l’Australie à travers son ministre de la Défense, Peter Dutton a récusé dans une interview à Sky News, les accusations de la France qui évoquent l’idée de trahison. Ainsi dit-il « Nous avons été francs, ouverts et honnêtes. Nos préoccupations sont sur la place publique, tout le monde peut les vérifier. D’ailleurs, les Français étaient tellement inquiets qu’ils ont envoyé un amiral pour nous rencontrer il y a deux semaines ».
Et pour se justifier, M. Dutton s’explique : « Nous n’avons pas d’industrie nucléaire dans notre pays. Or, le modèle français, le modèle Barracuda, doit être rechargé tous les 7 à 10 ans. Alors qu’avec la technologie employée par les Britanniques et les Américains, le réacteur reste opérationnel pendant toute la durée de vie du sous-marin, soit 35 ans ».
Paris digérant mal sa colère a annulé dimanche 19 septembre 2021, une rencontre prévue cette semaine entre la ministre française des Armée Florence Parly et son homologue britannique Ben Wallace selon l’AFP.
Vers une sortie de crise ?
Le dimanche 19 septembre, le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal a fait savoir qu’un échange téléphonique entre Joe Biden et Emmanuel Macron aura lieu dans les jours à venir et cela à la demande du président américain. « Il y aura un échange téléphonique dans les tous prochains jours entre Joe Biden et Emmanuel Macron », a indiqué Gabriel Attal sur BFMTV.
Un échange au cours duquel le président Macron va demander « des explications sur ce qui a conduit à une rupture de confiance majeure », explique, Gabriel Attal.
En rappel, le différend qui oppose la France des Etats-Unis, de l’Australie et du Royaume-Uni concerne l’achat de 12 sous-marins Français d’une valeur initiale de 31 milliards d’euros par l’Australie.
Abdoul Wahab Mandé
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