Hamed Bakayoko: un ex-homme de médias

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Hamed Bakayoko n’est plus. L’ancien Premier ministre ivoirien est décédé ce 10 mars 2021 en Allemagne de suite de maladie à l’âge de 56 ans. Que retenir sur l’homme qui a servi la Côte d’Ivoire pendant plus de 20 ans.


Hamed Bakayoko a occupé jusqu’à sa mort, le poste de Premier ministre de Côte d’Ivoire et de maire de la commune d’Abobo. Il venait d’être élu député dans la commune de Séguéla lors des élections législatives du 6 mars.


Du haut de son mètre quatre-vingt-neuf, l’ancien journaliste et homme d’affaires Hamed Bakayoko, né le 8 mars 1965, était devenu en une décennie un acteur politique incontournable : ministre d’État, ministre de l’Intérieur en 2011 puis de la Défense depuis 2017 et maire d’Abobo, l’une des deux communes les plus peuplées de Côte d’Ivoire.

Vingt ans en arrière, Hamed Bakayoko était un heureux dirigeant de médias, Le Patriote, Radio Nostalgie ou encore Nostalgie Afrique. C’est en 2011 que « Hambak », comme le surnomment les ivoiriens, fait son entrée en politique. Il est nommé ministre des nouvelles technologies, de l’information et de la communication (NTIC) dans un contexte sécuritaire ultrasensible. Les accords de Linas-Marcoussis (du nom d’une petite agglomération de la région parisienne) venaient d’être signés en France sous l’égide de Jacques Chirac et Laurent Gbagbo et un gouvernement de réconciliation nationale devait être constitué. Alors que Hamed Bakayoko est membre du RDR, le Rassemblement des démocrates républicains, il entretient d’excellentes relations avec l’opposition et surtout Guillaume Soro, qui insiste pour qu’il entre au gouvernement. Il reste à son poste de mars 2003 à avril 2011.


Élevé par son père veuf avec son frère et ses deux sœurs, Hamed Bakayoko part dès la fin du lycée pour le Burkina Faso afin d’y étudier la médecine. Il n’ira pas au bout, car à Ouagadougou ce mélomane amoureux des rythmes ivoiriens et habitué des clubs s’éveille à la politique, découvre Thomas Sankara et les discours de lutte.


À son retour à Abidjan, il commence à militer au sein du mouvement des étudiants et élèves de Côte d’Ivoire (MEECI), un syndicat proche du PDCI-RDA (Rassemblement démocratique africain). Ce qui lui donne l’idée de fonder dans ces années 90 le mouvement de la jeunesse estudiantine et scolaire du PDCI (JESPDCI). Qu’à cela ne tienne, pourquoi ne pas fonder un journal. Hamed Bakayoko lance Le Patriote, qui se veut proche d’Houphouët-Boigny et du PDCI. Houphouët-Boigny n’y est pas sensible et Hamed Bakayoko décide de se mettre au service de la défense du Premier ministre, Alassane Ouattara. Il vient de lancer avec Djéni Kobina le Rassemblement des Républicains (RDR) et Le Patriote en devient son organe de presse. Mais Henri Konan Bédié, grand rival de Ouattara, ne digère pas l’un des courriers de lecteur lui portant atteinte. Bakayoko est envoyé en détention à la Maca, à Abidjan, pour quatre mois et seize jours.


Après sa sortie, il se lance en radio avant de faire la rencontre de celle qui deviendra la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, qui investit dans son média. Depuis cette époque, une relation de confiance s’est installée entre les deux hommes qui se sont rapprochés au fil des années.


La Côte d’Ivoire perd ainsi un homme qui la servait depuis plusieurs années.

Avec Le Point et Wikipédia

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