Rugby: Rolande Boro, une figure de proue dans un sport viril

Rolande Boro rugby

Rolande Boro, la présidente de la fédération burkinabè de rugby

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L’hebdomadaire sportif burkinabè, Sidwaya Sport a fait cette semaine sa Une avec deux femmes exceptionnelles du monde sportif burkinabè. L’une d’entre elle est la nouvelle présidente de la fédération burkinabè de Rugby, Rolande Boro. Portrait.

Les dix dernières années, du terrain Dabo-Boukary de l’Université de Ouagadougou à la présidence de la fédération, Rolande Boro a été de tous les rendez-vous majeurs du rugby burkinabè. D’abord en tant que joueuse, elle a affiné au fil du temps ses armes sous différents présidents comme membre de comités exécutifs avant de les remplacer. Du haut de ses 1,89 mètre, elle est native de Bomborokui dans la Kossi où la lutte est la discipline par excellence. Elle a été bercée dès son jeune âge par des discours au relent révolutionnaire qui mettent en exergue les vertus du sport. C’est donc tout naturellement que comme ses deux sœurs et frère, elle y a accordé une oreille attentive, voire plus dans cette partie du Burkina Faso. Mais c’est au quartier Accart-ville de la ville de Bobo-Dioulasso où elle a grandi que l’adolescente va se mettre véritablement à la pratique du sport. Alors élève au lycée Ouézzin- Coulibaly, Rolande s’adonne parallèlement à l’athlétisme puis au basketball. Le Bac en poche, elle débarque à l’Université de Ouagadougou où elle dépose son baluchon au département de maths-physique au milieu des années 2000. Animée par l’envie d’explorer de nouveaux horizons, elle découvre le rugby, sous la houlette du coach Yacouba Sanou. Une nouvelle passion qu’elle ne quittera plus. «Dès lors, j’ai travaillé à mobiliser des camardes étudiantes de la cité universitaire de Zogona à se joindre à nous car la discipline était peu connue et n’intéressait pas grand monde», se remémore-t-elle. Puis son encadreur décide de la création d’un club, l’Association sportive des étudiants rugbymen (ASER). Elle intègre cette nouvelle formation en tant que joueuse mais aussi comme trésorière de l’équipe dirigeante. C’est le début d’une aventure. L’étudiante s’en sort plutôt bien dans la combinaison des séances d’entraînement qui se déroulent sur le terrain Dabo-Boukary, des études et ses charges de trésorière.

Nous sommes  en 2008. Elle est appelée à la fédération burkinabè de rugby par le président Arouna Sawadogo pour occuper le poste de secrétaire générale. Un an plus tard, elle est sélectionnée en équipe nationale en vue d’un tournoi sous régional. « Il faut reconnaître que c’était un rugby très amateur car il n’y avait pas de clubs féminins si bien qu’au retour nous étions obligées d’intégrer des clubs masculins pour pouvoir jouer», confie-t-elle. Une situation qu’elle a vécue difficilement. Depuis, l’obsession de changer la donne ne l’a plus jamais quittée et pour ce faire, elle décide de canaliser ses efforts vers ses obligations de secrétaire générale.

«C’est une femme battante qui sait ce qu’elle veut et ce qu’elle fait. Tout mon souhait est qu’elle agisse comme une mère de famille et elle en a les qualités», témoigne son président d’alors, Arouna Sawadogo. A la faveur du renouvellement des instances dirigeantes en 2012, elle est reconduite à son poste au sein du nouveau comité exécutif présidé par feu Bassirou Kadio.

«Il faut éviter de se plaindre à tout bout de champ»

Celle qui est présentement directrice au sein du bureau comptable-matières du secrétariat général du gouvernement franchit un autre palier en 2016 en briguant pour la première fois le poste de président de la fédération. «C’est une question de conviction et de passion. A un moment donné, au regard de ce que j’avais comme culture rugby, j’étais convaincue que c’est un sport qui a beaucoup à donner aux Burkinabè pour peu que l’on travaille à plus le vulgariser et je m’en suis sentie capable», justifie-t-elle. La suite n’a pas été de tout repos, indique-t-elle, mais avec une bonne dose de courage, elle parvient dans un premier temps à arracher un bureau de consensus et par la suite, à faire face aux difficultés.

Son secret tient en trois choses. Ne jamais abdiquer face à l’adversité, éviter de toujours se lamenter et développer le sens de l’écoute. « Je n’ai jamais pris trop au sérieux les coups-bas, les contestations, etc. En tant que femme, je me disais que céder aux difficultés pourrait décourager d’autres femmes à venir dans le rugby. Et quand vous êtes responsable, il faut éviter de se plaindre à tout bout de champ car ceux qui sont derrière vous vous voient comme la solution, il faut plutôt encaisser et les rassurer», affirme Rolande Boro. Et au bout des quatre premières années de son action, elle dit se réjouir des résultats engrangés. Sa plus grande satisfaction, se plait-elle à rappeler, demeure la reconnaissance du rugby burkinabè par les instances internationales. A cela s’ajoutent le défi relevé de l’avènement d’un championnat féminin et le rehaussement du niveau d’ensemble. Une action qui lui a valu d’intégrer le comité exécutif de rugby Afrique en 2018. Pour ce nouveau bail, l’ancienne deuxième ligne de l’équipe nationale entend poursuivre sur cette lancée en comptant sur son expérience pour plus de rayonnement de la discipline à l’extérieur. Elle a aussi à cœur de permettre au plus grand nombre d’enfants, à l’image de ses neveux de cinq et six ans, de se familiariser avec la balle ovale. Ce qui passe par la disponibilité d’infrastructures adéquates et elle en a conscience, d’où son autre priorité. C’est dire donc que les chantiers s’annoncent nombreux mais comme à son habitude, la trentenaire compte trouver un temps pour son autre passion, la lecture d’ouvrages sur le développement personnel.

Voro KORAHIRE, Sidwaya Sport, numéro 1401

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