Réquisition du Dr Arouna Louré: un acte illégal selon le mouvement Sens

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Dans une déclaration signée du 09 septembre 2023, le mouvement Sens a déploré la réquisition du Dr Arouna Louré, médecin anesthésiste-réanimateur pour servir dans la localité de Koumbi, province du Yatenga, suite à une publication sur sa page Facebook faisant cas de l’attaque de Koumbi . Une réquisition illégale selon le mouvement Sens qui pointe la responsabilité des autorités en place. La déclaration à suivre.

Par acte signé le 06 septembre 2023, le Commandant du Commandement des Opérations du Théâtre National (COTN) vient de réquisitionner le Dr LOURE Arouna, médecin, anesthésiste-réanimateur, à l’effet de servir au sein de l’unité combattante, déployée à Koumbri dans la région du Nord, province du Yatenga.

On se souvient que cette unité a fait l’objet d’une attaque terroriste le 4 septembre 2023 qui, selon le bilan officiel, a fait 53 morts et une trentaine de blessés. Nous présentons nos condoléances aux familles des FDS tombées à Koumbri et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés.

On se souvient aussi que le Dr Arouna LOURE est un ancien député à l’Assemblée Législative de la Transition, sous le MPSR1 qui est devenu aujourd’hui très critique envers le régime du MPSR2. Ainsi, après l’attaque de l’unité de Koumbri, il avait fait une publication sur sa page facebook dans laquelle il avait notamment écrit « Ne jamais confondre nos forces combattantes sur les différents fronts aux « déserteurs constitutionnalisés » qui se sont bunkérisés à Ouagadougou ».
A la lecture de la décision de réquisition, l’on note qu’elle se fonde sur l’article 5 du décret n° 2022- 0976/PRES/TRANS/MDAC/MATDS/MJDHRI/MEEA du 14 novembre 2022 portant organisation, attribution et fonctionnement du COTN. Cet article prévoit que le COTN « peut réquisitionner les services, les personnes et les biens nécessaires à la conduite des opérations ». Il ressort clairement de cette disposition que ne peuvent être réquisitionnés que les services, les personnes et les biens nécessaires à la conduite des opérations.

Or dans la décision de réquisition, le Commandant du COTN ne dit pas en quoi la réquisition du Dr LOURE Arouna, médecin anesthésiste réanimateur, est nécessaire à la conduite des opérations militaires. Cette simple omission rend la décision illégale, faute de motivation.
nombreuses personnes candidates au volontariat pour la défense de la patrie qui n’ont pas été mobilisées.

En outre, il convient de rappeler que le décret portant mobilisation générale et mise en garde a réglé la question en ce qui concerne la réquisition des personnes physiques pour servir dans les unités militaires. Au sens de ce décret, les personnes physiques ne peuvent être engagées que dans le cadre de la mobilisation générale.

L’article 5 dudit décret prévoit dans ce sens que sont concernés par la mobilisation générale « les jeunes gens de 18 ans ou plus, non membres des forces armées nationales, physiquement aptes, appelés à s’enrôler selon les besoins exprimés par les autorités compétentes ».
S’il y avait vraiment nécessité à avoir du personnel civil au front, il fallait donc procéder conformément à l’article 5 du décret portant mobilisation générale et mise en garde, c’est-à-dire, appeler les jeunes gens à « s’enrôler selon les besoins ».

Si la réquisition du Dr LOURE Arouna n’est pas nécessaire comme il est démontré ci-dessus, alors pourquoi donc a-t-il été réquisitionné ? Il ne fait aucun doute que cette décision est en lien avec ses critiques du régime du MPSR2.

En effet, plusieurs personnes critiques du régime ont déjà fait l’objet de disparition forcée, d’enlèvement, ou de d’incorporation. L’on se souviendra du cas de OUEDRAOGO Boukaré, Président de l’appel de Kaya sur décision du Président de la Transition lui-même, de monsieur Issiaka OUEDRAOGO, Président du Conseil d’information et de suivi du gouvernement (CISAG), de l’Imam DIALLO Mahamadou, pour ne citer que ces cas-ci.

Au regard de ce qui précède, la réquisition du Docteur LOURE est illégale et irrégulière et constitue une dérive grave et inadmissible dans la conduite des affaires de l’Etat. Elle engage la responsabilité individuelle et collective de toutes les personnes physiques et de toutes les institutions qui s’en rendent complices. Il convient de la faire cesser pour sauver encore ce qui peut l’être.

La défense du pays doit être le stade suprême du patriotisme. Il n’y a pas meilleur moyen de démobilisation que d’en faire une mesure punitive ou un moyen d’adoucir ou de museler des supposés adversaires politiques.

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