Attaque sur l’axe Arbinda-Gorgadji : Et maintenant on fait quoi ?
Les faits : selon nos recoupements, une soixantaine d’éléments de gendarmerie de retour de stage à Ouagadougou tentent de rallier leurs postes à l’escadron porté d’Arbinda et au peloton mobile de Gorgadji, ce mercredi 18 août aux environs de midi. L’axe est en pleine zone rouge. Comme de coutume depuis un certain temps, des civils se joignent au convoi pour pouvoir l’emprunter. Résultat, près de 80 véhicules s’ébranlent. Juste après Gorgadji au niveau de Boukouma, à une vingtaine de km d’Arbinda, le convoi est attaqué. Les gendarmes conducteurs des véhicules de tête sont tués sur le coup par le feu des assaillants immobilisant la colonne. S’en suit un échange de tirs rendu difficile dans une débandade que l’on peut imaginer aisément. «La riposte a été difficile car les civils étaient pris entre deux feux ; il fallait pour les gendarmes éviter de tirer sur eux. Il a fallu attendre que les civils s’éloignent au maximum pour engager véritablement le combat» détaille une source sécuritaire. S’en suivront près de 3h de combat avant que les terroristes ne battent en retraite avec l’arrivée de renfort de Gorgadji et Arbinda. Bilan : 65 civils tués, 15 gendarmes et 06 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Une centaine de terroristes abattue et plus de 300 repoussés. Un deuil national de 72 h est décrété par le président du Faso Roch Kaboré qui a présidé ce vendredi matin un conseil de défense.
Et maintenant on fait quoi ?
Pleurer ? Déjà fait !
Critiquer ? Déjà fait !
Accuser ? Déjà fait !
Polémiquer ? Déjà fait !
Prier ? Encore ?
Oui il y a même de quoi perdre la foi, casser sa voix et tarir ses larmes devant l’enchainement macabre des incidents sécuritaires.
S’interroger ? oui, encore et encore. Retenons en trois dans ce cas précis :
- Y a-t-il encore un maillage sécuritaire au Burkina car comme pour l’axe d’Arbinda pour peu que vous vous aventuriez à 300km de Ouagadougou dans l’Est, le Nord ou le Centre Nord, vous vous retrouvez en zone rouge sans le moindre parapluie pour vous protéger ? Allô le ministère de la Sécurité !
- Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que le fameux arsenal aérien dont l’acquisition a été récemment vantée ne permette toujours pas de sécuriser un convoi de 80 véhicules soit près d’un km de long et pis de porter renfort à des unités en combat pendant 3h ? Allô l’Etat-major général des armées !
- Comment 400 personnes lourdement armées à moto peuvent se déplacer sans que ne serait-ce qu’un berger ou un paysan ou même un passant encore moins âme burkinabè qui vive dans les parages ne donne l’alerte à qui de droit ? Allo l’ANR !
Bien sûr, vu de Ouagadougou, tout cela semble finalement surréaliste à tel point que tout débat est rapidement vacciné au sérum du bord politique ou de la viralité sur les réseaux sociaux. Hélas c’est désormais l’image qui résume le Burkinabè : assis sagement derrière sa bière (ou ce que vous voulez) avec son smartphone même sous la pluie pendant que le feu de brousse approche dangereusement.
Nan laara an sara disait Joseph Ki Zerbo pour dire que si nous nous couchons, nous allons mourir.
Si jamais nous restons assis…Allô les Burkinabè !
Hyacinthe Sanou
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