Burkina : acculé, Roch sacrifie son Chérif en blanc

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«Moi je m’y connais dans ces questions (de défense et de sécurité) particulièrement et je connais aussi ce qui se passe au Nord le jour le jour. Je connais aussi la réalité de nos troupes. Je dis entre le Burkina et le Mali, nous avons une frontière longue de 1000km. Entre le Burkina et le Niger nous avons 628 km. On ne les couvre pas aussi facilement. Quand vous avez à un moment donné un pouvoir qui a travaillé à fragiliser totalement l’armée, il faut reconstruire cette armée, il faut rééquiper cette armée. Ce qu’on ne dit pas jusqu’à présent, c’est qu’il y a des milliards qui sont mis actuellement dans le rééquipement et l’entraînement de notre armée. Il y a un travail scientifique qui est fait. Il y a une montée en force de nos FDS et de nos services de renseignement…» (Sic)

Ces propos tenus à Bobo Dioulasso à l’occasion du forum Africapacités en juin 2018 sont du Haut représentant du président du Faso à l’époque, Chérif Sy.

Rien d’étonnant qu’avec une telle science et conscience des défis sécuritaires, le fils du Général Baba Sy prenne la tête de la Défense quelques mois plus tard plus précisément en janvier 2019.

Le journaliste fondateur du journal Bendré, sankariste dans le corps et dans l’âme, connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, se saisit ainsi des rennes de la grande muette. On attend alors de lui qu’il fasse au moins mieux que son prédécesseur Jean Claude Bouda, remercié et sous le coup de poursuite judiciaire sous fond d’inaction et de mauvaise gestion au ministère de la Défense.

Des changements à la tête de l’armée marquent d’ailleurs la prise de commandement d’El Commandante, comme le surnomment ses camarades, qui dans la foulée, change son sempiternel blanc depuis la transition pour du treillis, le temps d’une revue de troupes à l’Est sur le front de l’opération Otapuanu.

Plusieurs chefs militaires sous sa coupe sont d’ailleurs présentés comme ses promotionnaires. Mais pas de traitement de faveur pour autant : tous les interlocuteurs du ministre d’Etat au caractère bien trempé, tout grade confondu, sont soumis au même régime de traitement des audiences et des appels téléphoniques, à en croire des sources proches de son cabinet.

Un style qui n’est pas étranger aux résultats d’opérations militaires d’envergure (Otapuanu, Ndofu, Houne, Taanli…) et de ratissages après des attaques entre 2019 et 2021.

Tout n’est cependant pas rose dans le mandat du Chérif à la défense. Accusation d’exécutions extrajudiciaires des forces armées nationales notamment par l’ONU, mise en place poussive des Volontaires pour la défense de la patrie, VDP (malgré la loi les instituant, certains ne voient leur solde soldée qu’après que Chérif tape du poing sur la table, d’autres actifs restent toujours inconnus au bataillon au dire du ministre de la sécurité), entre autres, noirciront le tableau du passage de l’homme en blanc.

Et après une série de revers sur le front de la défense du territoire dont le dernier le plus marquant est la tuerie de Solhan qui a fait 132 morts, Chérif Sy, 61 ans, a été évincé et remplacé par Roch Kaboré himself.

Après 5 ans de lutte contre le terrorisme et le passage à leur tête de celui qui a impulsé la résistance au putsch de septembre 2015 ; les forces de défense burkinabè n’ont toujours pas réussi à véritablement sortir de la… défensive.

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