Société : le mouvement U Gulmu Fi dénonce un délaissement de la région de l’Est par le gouvernement
Plusieurs associations et regroupements réunis dans le mouvement « U Gulmu Fi » (le Gulmu est debout), protestent ce 24 avril, dans la ville de Fada contre la lenteur des travaux de la réhabilitation de la route nationale n°4 dont le lancement a été fait le 19 septembre 2020 par le premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré. Leur plateforme revendicative prend aussi en compte des domaines comme la santé et la promotion de l’emploi. Les manifestants dénoncent un délaissement de la région de l’Est. Plusieurs manifestants sont venus des provinces de la région pour participer à la marche.
Pancartes, banderoles, vuvuzelas et magnétophones en mains, les populations du Gulmu disent être sorties ce 24 avril pour une prise en compte de la région de l’Est dans les planifications du gouvernement. Débutée aux environs de 8 heures, la marche a duré une heure de temps. Sur les pancartes et les banderoles, sont inscrites certaines revendications : « Non à la délocalisation de l’usine de phosphates de Kotchari », « Nous avons droit à des médecins », « Pour la santé, Pour l’éducation, contre l’abandon de l’Est ». Les revendications des manifestants concernent aussi bien le secteur de la santé, de l’éducation, des infrastructures, de la sécurité que de l’emploi.
Selon le coordonnateur et porte-parole du mouvement U Gulmu Fi, Emmanuel Ouoba, cette marche se tient dans un contexte d’insatisfaction liée à l’état du réseau routier et qui a enclavé la région car « les voies sont pratiquement impraticables ». Il relève aussi les difficultés au niveau du Centre hospitalier régional (CHR). Selon le coordonnateur, le CHR manque de groupe électrogène et souffre de manque de ressources humaines et de matériel. Le mouvement Balai Citoyen a aussi pris part à la marche. Selon le responsable à l’organisation de la coordination nationale du Balai Citoyen, Rasmane Zidnaba, le pari de la mobilisation pour la marche a été tenu. Pour lui « c’est un devoir de se joindre à la population de Fada pour des routes, pour une gestion intéressante du phosphate au profit des populations de l’Est, pour le droit à la santé et à la sécurité ».
Originaire de la Gnagna, Yacouba Tindano dit être venu pour manifester son mécontentement. Il espère un changement « radical » au niveau des infrastructures, routières, sanitaires, au niveau de la sécurité et une amélioration des conditions de vie des populations de la région de l’Est qui selon lui est délaissée.
« On a même plus envie de voyager en raison de l’Etat des routes et de la sécurité. C’est comme si l’Etat ne tient pas compte de la région de l’Est.
Tu peux faire trois heures au dépôt de la pharmacie du CHR sans te faire servir. On est fatigué de tout cela » fustige Doris Zampaligré, une résidente de Fada présente à la marche.
Les promesses faites par le président du Faso
Le mercredi 21 avril 2021, le mouvement U Gulmu Fi a été reçu en audience par le président du Faso sur leur plateforme revendicative. Selon le secrétaire général du mouvement, Michel Ouoba, le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a pris des engagements pour trouver des solutions aux préoccupations de la région de l’Est. Sur le cas de l’hôpital de Fada, le locataire de Kosyam aurait confié à ses interlocuteurs que le projet de construction d’un nouveau CHR n’est plus d’actualité et que les réflexions sont en cours pour la construction d’un centre hospitalier universitaire. Mais en attendant, des chirurgiens ont été affectés dans le CHR pour répondre aux besoins des populations. Le ministre de la santé est aussi attendu dès la semaine prochaine à Fada pour évaluer les besoins pressants du CHR.
Sur la question des routes, « sur place des instructions ont été donné au ministre des infrastructures d’envoyer une mission sur la RN19 (Kantchiari-Diapaga) pour constater l’Etat de la route pour que des mesures soient prises pour régler sa qualité », selon les propos du sécretaire générale du mouvement U Gulmu Fi, Michel Ouoba. Il a tenu à préciser que ce sont des promesses. Pour le démarrage des différents chantiers, « il a été demandé au ministre des infrastructures d’élaborer un planning détaillé avec les dates de début et de fin de chaque chantiers et de mettre en place un comité de suivi dont feront partie les OSC et que ce comité fasse un point trimestriel pour que les responsabilités soient situées en cas de retard » poursuit Monsieur Ouoba. Il a aussi informé les militants que le président du Faso a pris l’engagement de ne pas délocaliser l’usine de Phosphate de Kantchari.
Les chantiers peinent à démarrer à l’Est
L’état des routes constitue l’une des principales revendications du mouvement U Gulmu Fi. Le 19 septembre 2020, le premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré avait lancé les travaux de réhabilitation de la RN4, l’axe Gounghin-Fada-Frontière du Niger, longue de 218 kilomètres. Le projet coûte plus de 125 milliards de F CFA. Lors du lancement des travaux le Premier ministre a déclaré que la cérémonie « sera immédiatement suivi du début des travaux dans les jours à venir ». Plus de six mois après, les travaux peinent à démarrer. Sur les lieux, SINTRAM, l’entreprise marocaine en charge de la réhabilitation de l’axe Gounghin-Fada n’est qu’au traçage des déviations et pour les populations, les travaux sont lents. Les autres axes du projet vivent la même situation selon les organisateurs de la marche.
Pour le ministère des infrastructures, le retard du chantier s’explique par les difficultés financières rencontrées par les partenaires financiers (Banque Africaine de Développement, Union Européenne, la coopération japonaise et l’UEMOA). Aussi, l’une des raisons de la lenteur des travaux est que l’entreprise SINTRAM n’a pas encore son matériel sur place et les achemine vers le Burkina Faso.
Le mouvement U Gulmu Fi dit être déterminé pour atteindre ses objectifs. Le coordonnateur du mouvement Emmanuel Ouoba a invité les manifestants à rester toujours mobilisés et ce dans la discipline.
Lino Ramdé
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