vendredi le 22 novembre 2024

Côte d’Ivoire : Quatre morts, des heurts à Abidjan, Bonoua, Daoukro, et Ferkessédougou…

Manifestations en Côte d'Ivoire

Des ivoiriens manifestant contre un troisième mandat de ALassane Dramane OUATTARA

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Situation de plus en plus tendue en Côté d’Ivoire à l’approche du scrutin du 31 octobre. La Constitution ivoirienne limite à deux les mandats présidentiels, mais opposition et pouvoir sont en désaccord sur l’interprétation de la réforme adoptée en 2016. Alors que les partisans du président Ouattara affirment que la réforme a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature. Au moins quatre personnes sont mortes au cours de la semaine écoulée en Côte d’Ivoire, dans des violences liées à des manifestants contre la candidature de Alasane Dramane Ouattara.

La candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2020, pour la troisième fois consécutive du président ivoirien Alasane Dramane Ouattara a provoqué des remous et heurts sur l’ensemble du territoire. L’opposition et des membres de la société civile ont manifesté la semaine passée, malgré l’interdiction par les autorités de tout rassemblement pour non-respect des procédures. Si dans certaines localités ce sont des affrontements et heurts que l’on a observés avec les forces de maintien de l’ordre dans d’autres, ce sont des  d’affrontements entre partisans de camps opposé ou favorable à cette candidature qui ont fait des dégâts et des pertes en vies humaines.

A Bonoua (Sud-Est), ville traversée par la voie internationale qui relie Abidjan au Ghana et fief de l’ex-première dame Simone Gbagbo, un jeune de 18 ans a été tué lors de heurts avec les forces de l’ordre. Le commissariat de Bonoua a été saccagé par les manifestants.

Mercredi à Daoukro, fief de l’ancien président Henri Konan Bédié, on a dénombré trois morts. A 86 ans, l’ancien allié de Ouattara a été investi comme candidat à la présidentielle par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la principale formation d’opposition. Bédié, qui  juge également la candidature de Ouattara, illégale.Dans cette localité les victimes ont été tuées dans des affrontements des jeunes favorables aux deux.

D’autres heurts ont eu lieu jeudi entre manifestants et force de l’ordre, notamment dans la capitale économique Abidjan. Là selon plusieurs témoignages les manifestations ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. A Yopougon, des affrontements entre policiers et manifestants ont paralysé la circulation tout le long de la journée. A Port-Bouet, quartier donnant sur la mer et abritant le port et l’aéroport d’Abidjan, des dizaines de manifestants ont bloqué la voie principale, certains brandissant des pancartes « ADO dégage ! » en référence aux initiales du président Alassane Dramane Ouattara.

A Cocody, des forces anti-émeute avaient été déployées en grand nombre. Les policiers y ont interpellé un groupe de femmes chantant l’Abidjanaise, l’hymne national de la Côte d’Ivoire.

A Adzopé, près d’Abidjan, des femmes vêtues de blanc, signe traditionnel de colère, ont envahi la voie principale.

Des arbres ont été abattus pour paralyser l’axe routier Abengourou-Agnibilekro, dans l’Est.

Dans le reste du pays, des incidents ont notamment eu lieu à San Pedro, deuxième port du pays dans le Sud-Ouest.

A Ferkessédougou (Nord), fief de Guillaume Soro, ancien allié de Ouattara passé dans l’opposition et aujourd’hui exilé en France, le marché s’est vidé après des rumeurs faisant cas d’une imminente marche de protestation. Dans son fief tout porte à croire que, tant que Guillaume Soro n’est pas rentré la situation restera très tendue. L’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne et ancien chef de la rébellion est visé par plusieurs procédures judiciaires qui l’ont contraint à l’exil.

Ces violences n’ont pas empêché le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti du président Ouattara, d’annoncer jeudi qu’il serait officiellement investi comme candidat le 22 août, lors d’un grand rassemblement à Abidjan. «Nous allons demander à l’Etat de prendre ses responsabilités», a déclaré Adama Bictogo, un cadre du RHDP

Le président Alassane Ouattara, 78 ans, avait été élu en 2010 face au chef d’Etat sortant, Laurent Gbagbo. Ce dernier avait refusé de reconnaître sa défaite, plongeant le pays dans la crise jusqu’à son arrestation par les forces de son rival, appuyées par les forces française et de l’ONU.

Ouattara a ensuite été réélu en 2015, puis avait annoncé en mars vouloir passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly pour le scrutin d’octobre. Mais celui-ci est décédé le 8 juillet d’un infarctus. Après ce décès, M. Ouattara a annoncé le 6 août qu’il briguerait finalement un troisième mandat dans en se présentant à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.

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Lino Ramdé

Journaliste
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