Talato Agnès Tebda, sculpte sa place dans un univers dominé par les hommes
Dans un monde artistique souvent perçu comme étant réservé aux hommes, Talato Agnès Tebda brille par son talent et sa détermination. Cette femme sculpteur burkinabè participe à la 14e édition du Symposium international de sculpture sur granite de Laongo, un événement phare dans le paysage artistique africain.
Ce symposium, qui réunit chaque année des sculpteurs du monde entier, est non seulement une plateforme d’expression pour les artistes, mais aussi un lieu de rencontres et d’échanges sur l’art contemporain. Agnès Tebda y représente fièrement non seulement le Burkina Faso, mais aussi toutes les femmes qui, comme elle, défient les stéréotypes pour s’imposer dans des disciplines traditionnellement masculines.
Talato Agnès Tebda s’est intéressée à la sculpture dès son jeune âge, lorsqu’un artiste de son quartier réalisait des sculptures en papier mâché. Fascinée par cet art, elle a rapidement compris que c’est ce chemin qu’elle voulait emprunter. « C’est en voyant cet artiste que l’idée m’est venue de me lancer dans la sculpture », raconte-t-elle. Elle a ainsi su transformer cette fascination en une véritable passion, malgré les obstacles auxquels elle a dû faire face en tant que femme.
Le parcours de Tebda n’a pas été facile. « Au début, ma famille était réticente à l’idée que je devienne sculpteur. Ils pensaient que ce n’était pas un métier pour une femme », explique-t-elle. Pourtant, elle a su convaincre ses proches de l’importance de son choix, tout en continuant à travailler en tant que couturière pour subvenir à ses besoins et financer son matériel artistique. « L’art ne nourrit pas toujours son homme, il faut trouver des moyens de soutenir sa passion », dit-elle avec pragmatisme.
Elle se distingue par son travail avec des outils généralement associés à des sculpteurs masculins, tels que le maillet, le marteau et le burin. « Les gens se demandent souvent comment une femme peut utiliser ces outils, mais moi je ne me sens pas différente. J’aime les travaux physiques », affirme-t-elle avec assurance. Cette confiance en elle et cette force de caractère lui permettent de surmonter les préjugés et de se concentrer pleinement sur son art.
Parallèlement à sa carrière de sculpteur, Talato Tebda s’engage activement pour l’éducation artistique des jeunes à travers son association « Les Petits Beaux-Arts. » Pendant les vacances, elle initie les enfants de son quartier à la peinture et à la sculpture en papier mâché. « Il est important de donner aux enfants l’opportunité de découvrir l’art dès leur jeune âge », souligne-t-elle.
Malgré les défis auxquels elle est confrontée, Agnès Tebda continue de s’imposer comme l’une des figures montantes de la sculpture burkinabè. Ses projets pour l’avenir sont nombreux, et elle espère non seulement continuer à produire des œuvres d’art, mais aussi à inspirer d’autres jeunes femmes à suivre son exemple. « Il faut croire en ce qu’on fait et persévérer, même si le chemin est difficile », conseille-t-elle à celles qui voudraient suivre ses traces.
Carine Pierrette Zongo
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