Burkina Faso : « Le 11 décembre ne marque pas une date de rupture pour un nouveau départ », Dr Apollinaire Joachimson Kyélem
Le Premier ministre, chef du gouvernement, Dr Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, à l’occasion de la traditionnelle montée des couleurs de ce lundi 2 décembre 2024, est revenu sur le choix de la date du 11 décembre pour célébrer la fête nationale de l’indépendance.
Rappelant les circonstances du choix de cette date, le premier ministre a critiqué une volonté affichée des colonies d’antan de maintenir leur emprise sur les territoires d’outre-mer.
« Il convient de rappeler que dans l’esprit des concepteurs de la loi-cadre de Gaston Defferre, il s’agissait de mettre en place un dispositif visant à faire émerger dans chaque territoire colonial des élites africaines dociles, susceptibles de devenir des agents et des défenseurs locaux des intérêts de la France. Sous cet angle, le 11 décembre ne marque pas une date de rupture pour un nouveau départ, mais une date d’évolution dans le cadre des perspectives déterminées par le colonisateur », a-t-il dénoncé.
Dans cette même logique, le premier ministre a soutenu que les indépendances de 1960 n’étaient que des formalités orchestrées par le colon pour garder une mainmise dans les affaires intérieures des États.
« Pour ce qui est des indépendances successives de 1960 des pays d’Afrique francophone, il suffit de se rappeler les propos de Bertin Borna, alors ministre des Finances du Dahomey, actuel Bénin. À ce sujet, il disait : « Nous sommes condamnés à l’indépendance, hélas ! » C’est donc avec regret que les prétendus pères de la nation ont dû accepter l’enveloppe de l’indépendance sans le contenu, que le général de Gaulle avait choisi pour eux. Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire et Léon M’Ba du Gabon ont exprimé mieux que quiconque ce regret », a-t-il déploré.
Pour lui, le colonisateur s’est rendu apparemment absent, tout en restant permanemment présent à travers les institutions mises en place, et les relais locaux qu’il a façonnés à son image, avant de se mettre derrière la scène comme souffleur.Le premier ministre a donc souhaité que nous nous réappropriions notre histoire pour lui inculquer un sens profond et intrinsèque conforme aux aspirations du peuple.
« La date de la Fête nationale du Burkina Faso reste donc à écrire. Pour ce faire, il faudra au préalable déterminer le symbole qu’on voudrait lui donner. Soit la continuité dans le sillage du colonialisme, soit le patriotisme et la rupture avec le colonialisme et le néocolonialisme, soit le panafricanisme, terme actuellement en vogue, mais dont la plupart de ceux qui en usent ignorent à la fois l’origine et la signification réelle.
Le panafricanisme ne saurait s’accommoder du néocolonialisme, comme certains agents de l’impérialisme tentent de le faire accepter dans le but de semer la confusion. Le panafricanisme a pour préalable le démantèlement méthodique des éléments d’appui de l’impérialisme. Sans ce préalable, aucune union sérieuse ne peut se faire entre les Africains et entre les États africains. Tout au plus pourra-t-on aboutir à des regroupements de façade comme la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDEAO) ou l’Union Africaine (UA) qui, de par leur nature, sont condamnés à tourner en rond, à moins de procéder à de profondes réformes en leur sein », a-t-il interpellé.
Il a ainsi invité chacun à prendre une part active dans le nouveau élan patriotique amorcé par le pays.
« Bien que très jeune dans l’histoire du temps, le parcours du Burkina Faso est déjà suffisamment émaillé de beaucoup de faits sociaux et historiques importants. À chacun de savoir s’insérer dans l’histoire du pays toujours en marche, et surtout, du bon côté de l’histoire », a-t-il conclu.
Sidonie Pouya
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